Un «prix Jean Jaurès de la Paix» a été décerné mardi au Roi Mohammed VI, très relayé par la presse marocaine. L'énigmatique «Centre européen pour la paix et la résolution des conflits» en est l'auteur. Yabiladi a retracé l'origine de ce prix et du centre. Un centre français nommé «Centre européen pour la paix et la résolution des conflits» a décerné mardi un «prix Jean Jaurès de la Paix» au Roi du Maroc Mohammed VI et l'information n'a pas manqué d'être reprise par plusieurs médias nationaux comme le 360, L'Economiste ou encore H24info. Yabiladi s'est penché sur ce centre pour comprendre son action et ce qui l'a poussé à honorer le Roi, en soulevant plusieurs éléments troublants sur le sérieux de l'organisation et de ses pratiques. Le Centre européen pour la paix et la résolution des conflits (CEPRC) a été fondé en France en décembre 2019 selon un communiqué du journal officiel, et si les fondateurs ont déclaré son objet comme étant «l'analyse de conflits et l'analyse institutionnelle ; l'établissement et/ou le renforcement des capacités institutionnelles dans la gestion de conflits», ses domaines d'activités ont été retenus comme en faisant une «association caritative, humanitaire, aide au développement, développement du bénévolat». L'auteure présentée par le centre En se penchant sur l'annonce du «centre», on remarque que l'auteure présumée de l'article utilise une photo qui n'est pas sienne et qui ressort sur des dizaines, voir des centaines de sites internets antérieurement à son utilisation sur le site du CEPRC. L'auteure est d'ailleurs introuvable sur la toile, laissant douter de son existence même. Ce n'est cependant pas la seule photo à être tirée d'internet, des dizaines d'autres, censées représenter les membres du centre en réunion, sont en réalités issues de banque d'images. Les résultats d'une simple recherche par image Place au plagiat Les articles publiés par le site, tout comme les photos, ne représentent en rien le travail du centre, tous sont plagiés quasiment sans aucun changement de sites internet tiers qui ne sont jamais cités. Amnesty International a été victime de pillage à plusieurs reprises du CEPRC qui se permet de remplacer simplement «Amnesty International» par «European Center for Peace and Conflict Resolution» lorsque nécessaire. Mais le centre ne s'attribue pas seulement des articles d'autres journalistes, plusieurs vidéos d'un colloque sont disponibles sur la page Youtube du CEPRC qui prétend dans la description que le colloque est le fruit de leur organisation. Or, une recherche rapide permet de retrouver le communiqué de l'événement et le centre n'y apparait nulle-part. Le colloque était en réalité organisé par la Paris School of Business et le centre n'a fait que capturer des images et s'attribuer son organisation. Tous ces faits sont inquiétants, notamment lorsque l'on remarque que deux des quatre auteurs listés sur le site comme membre du CEPRC n'ont aucun lien crédible avec l'association. Les articles qui sont relayés sur le site du centre ont bien été écrit par les auteurs, mais sur un autre média. Mais de ce site, si les images, les articles et même les «faits d'armes» sont plagiés ou inventés, tout le centre semble tourner autour d'une seule et même personne : Mohamed Ouamoussi. Un responsable mal camouflé ? Mohamed Ouamoussi est d'abord listé dans l'annonce du prix comme «président du CERPC», mais aucun des réseaux du journaliste franco-marocain ne fait mention de ce titre. Sur le site internet, il est le seul «administrateur» et ses publications commençaient dès le 11 décembre 2019, quelques jours après la création de l'association. Journaliste depuis 1995, il ne revendique pas directement son implication -en dehors du site internet-, mais interagit avec l'annonce du prix sur Twitter et Facebook et sur Twitter, il est parmi les quelque 500 followers du CERPC. ⛔️ في اليوم العالمي للسلام، جائزة "جان جاريس" للسلام في باريس تختار جلالة الملك محمد السادس "رجل السلام" للعام 2021 Publiée par Mohamed Ouamoussi sur Mercredi 22 septembre 2021 Même sur l'annonce du prix, la tromperie du site est présente et les motivations qui l'auraient poussé à honorer le Roi ne sont en réalité que des parties d'un discours prononcé par Omar Hilale, représentant permanent du Maroc aux Nations Unies. Malgré le prestige du nom de Jean Jaurès, député socialiste français, la réputation du prix décerné par un obscure Centre européen ne dépasse pas les quelque médias ayant repris le communiqué de presse sans vérification. La MAP assure ne pas avoir relayé le communiqué La MAP réfute, auprès de Yabiladi, avoir publiée la dépêche qui émanerait du bureau de Paris et qui a circulé dans les rédactions via Whatsapp. Article modifié le 2021/09/23 à 16h44