Alors que le sort de la Comarit semble être connu d'avance, un dernier rebondissement jette une lueur d'espoir sur l'avenir de l'armateur marocain. Suite aux démarches d'Abdelali Abdelmoula, un fonds d'investissement serait prêt, selon le président de la Comarit, à investir pour sauver la compagnie chérifienne, sous conditions. «J'ai reçu hier soir [jeudi 14 juin, ndlr] un courrier de nos interlocuteurs italiens, nous confirmant qu'un fond d'investissement était prêt à investir 40 millions d'euros fin juin» sous conditions, écrit Abdelali Abdelmoula, président de la Comarit Comanav Ferry, dans sa dernière lettre adressée à ses collaborateurs vendredi 15 juin, dont le site Maritime News a publié la copie. La dernière chance de la compagnie marocaine, de l'aveu même de son président. Le fonds d'investissement dont Abdelali Abdelmoula ne donne pas le nom serait prêt à injecter cet argent, mais à plusieurs conditions : - La participation de l'Etat par un apport complémentaire de 25 millions d'euros au capital de groupe avec la mise à disposition immédiate du minimum nécessaire pour relancer l'activité dans les meilleurs délais. - La participation des banques par des abandons de créances et le rééchelonnement sur 10 ans des dettes résiduelles. - La négociation d'accords de rééchelonnement des dettes fournisseurs. - L'accord des organisations syndicales pour une garantie de paix sociale de 5 ans. Abdelali Abelmoula indique cet accord doit être concl, cette semaine au plus tard. Troisième plan de sauvetage Si l'on tient compte de tout ce qui s'est fait jusqu'ici, les conditions émises par ce fonds d'investissement semblent irréalisables. Il semble presqu'impossible que l'Etat apporte les 25 millions d'euros exigés (environ 275 000 000 de dirhams), puisque la commission interministérielle en charge du dossier de la Comarit n'a pas pu mettre œuvre son plan de sauvetage qui n'était «que» de 200 millions de dirhams car l'Etat n'avait pas d'argent frais à injecter directement dans les affaires de la compagnie maritime et n'était même pas prêt à donner des ganranties aux banques. Après ce premier plan, le gouvernement a appelé en renfort l'ancien PDG de la Comanav, Taoufik Ibrahimi. Celui-ci a également établi un montage financier qui devait permettre à la Comarit Comanav, via la création d'une nouvelle entité, non seulement de débloquer ses ferries sous saisie, mais aussi de profiter de la très grande recette estivale pour payer ses innombrables dettes. Les banques, qui étaient sollicitées dans ce plan, ont à leur tour refusé sans l'engagement de l'Etat en garantie qui s'y est refusé également. Ces banques à qui le plan de Taoufik Ibrahimi demandait de l'aide étaient déjà de gros créanciers de la compagnie maritime. En tête de liste, la BCP. Elle avait financé l'acquisition par la Comarit de la Comanav, ex compagnie publique privatisée en 2007. Cette acquisition, considérée comme l'une des plus grandes erreurs stratégiques de la compagnie marocaine, a entrainé une «forte montée des risques» chez la BCP, selon Les Afriques. Sans parler d'Attijariwafa bank envers qui le Comarit est redevable de plusieurs millions de dirhams. Dépôt de bilan ? Les salariés de la Comarit n'ont pas été payés depuis plus de six mois. L'armateur n'a pas versé certaines cotisations sociales depuis deux ans. Ces salariés sont criblées de dettes ; leurs enfants ont parfois été renvoyés des écoles, d'autres ont été expulsés de leur domicile par les banques. Les syndicats sont mobilisés pour lutter jusqu'au bout pour ces salariés. Ils trouvent «bizarre que la dernière lettre d'Abdelmoula arrive au même moment que l'arrestation de Taoufik Ibrahimi et des autres syndicalistes», indique à Yabiladi un des marins de Comarit, membre de l'UMT. «On pense que Abdelmoula est mêlé à tout ça», ajoute-t-il. L'Etat, les banques, les fournisseurs et les syndicats ont une semaine pour se prononcer, selon Abdelali Abdelmoula. «Au cas où il apparaîtrait que les conditions ne pourraient être remplies, je n'aurai malheureusement, pas d'autre alternative que de déclarer le groupe en cessation de paiement», indique M. Abdelmoula dans sa lettre où il assure avoir déjà contacté les parties concernées. L'investissement étranger influencera-t-il leur décision ?