Une semaine après la nomination du nouveau ministre espagnol des Affaires étrangères, le Maroc rompt son silence. Sous couvert d'anonymat des «sources diplomatiques» à Rabat adressent des messages à Madrid sur le retour de son ambassadrice et le dossier de la pêche. Le Maroc ne semble pas prêt de s'engager dans une reprise rapide de ses relations avec l'Espagne. Au préalable, plusieurs points doivent être discutés et des éclaircissements apportées sur la véritable cause de la crise diplomatique, à savoir les conditions de l'accueil de l'hospitalisation de Brahim Ghali, en Espagne, ont confié des sources diplomatiques marocaines à La Razon. La présence du chef du Polisario est, pour rappel, à l'origine de la plus grave crise entre les deux pays voisins depuis le conflit sur l'îlot Leila (Perejil) en 2002. C'est dans ce contexte de prudence face à la main tendue par le nouveau ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que Rabat n'envisage pas le retour immédiat de son ambassadrice à Madrid, Karima Benyaich, rappelée pour consultations le 18 mai. Les mêmes sources marocaines indiquent, par ailleurs, que la date du sommet entre les deux pays, reporté à plusieurs reprises, n'est toujours pas fixée. Rabat veut tirer profit du dossier de la pêche Dans un message destiné au gouvernement de coalition de gauche, les sources marocaines ont également souligné que l'accord de pêche conclu avec l'Union européenne expirera l'année prochaine, mais les négociations en vue de son renouvellement devraient commencer en août ou en septembre de cette année. En effet, le traité revêt une importance capitale pour le secteur de la pêche chez le voisin ibérique, notamment en Andalousie. Et pour cause, sur les 128 licences accordées par le royaume en 2019 aux chalutiers européens, 92 vont aux armateurs espagnols. La Razon considère que le dossier de la pêche est un «atout» que «Rabat compte mettre sur la table dans le cadre du processus de normalisation des relations diplomatiques avec l'Espagne». Un processus qui «avance», reconnaissent toutefois les sources diplomatiques marocaines, qui tout en se félicitant de la nomination de José Manuel Albares, ministre des Affaires étrangères, tiennent à préciser qu' «il y a d'autres points qui doivent être discutées, éventuellement lors de discrètes conversations». Ces précisions par la partie marocaine interviennent alors qu'en Espagne, des politiques expriment leur optimisme en une normalisation rapide avec le Maroc, dans le sillage du départ d'Arancha Gonzalez de la diplomatie espagnole. «La reprise des relations entre le Maroc et l'Espagne est sur la bonne voie», a estimé vendredi le président de Melilla lors d'un débat à l'Assemblée parlementaire locale. Edouard de Castro a fait cette confidence après sa rencontre, la veille à Madrid, avec le nouveau ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares.