Dans un entretien à un site andalou, le ministre des affaires étrangères espagnol répond à de nombreuses questions. Il a assuré qu'il est essentiel de bâtir des relations avec le Maroc «sur le temps long». Madrid plaide pour reprendre «des relations respectueuses, absolument constructives» avec le Maroc, son allié traditionnel. C'est ce qu'a affirmé le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, lors d'un entretien accordé dimanche 14 novembre au quotidien andalou Diario de Sevilla. «Nous avons un partenariat stratégique avec le Maroc. C'est un pays avec lequel nous avons tissé un large réseau d'intérêts. En plus, c'est un pays fondamental pour la stabilité de toute la Méditerranée. Le discours du roi du Maroc avec lequel je reste est le discours du 20 août [le roi Mohammed VI a encouragé à continuer à travailler pour ouvrir une nouvelle étape, sans précédent avec l'Espagne], qui est également corroboré par toutes les actions dont nous sommes témoins depuis l'été» a indiqué M. Albares. «Nous voulons tous les deux une relation qui repose sur les mêmes piliers : la confiance, le bénéfice mutuel et le respect mutuel. Surtout, s'abstenir de toute action unilatérale. Nous sommes dans le bon sens.» S'agissant de la question migratoire, le chef de la diplomatie espagnole a souligné l'implication ininterrompue du Maroc. «Ce qu'on a vu cet été, c'est que le Maroc a pleinement collaboré», a-t-il précisé. Encore que la réunion de haut niveau soit indéfiniment ajournée et que l'ambassadrice marocaine soit encore à Rabat, M. Albares reste confiant. «Je mène un très bon dialogue sur ces sujets. La diplomatie travaille toujours avec discrétion et surtout avec des objectifs à moyen et long terme. L'important n'est pas d'entreprendre des opérations cosmétiques, mais de poser les bases d'une relation saine, une relation ancrée dans le XXIe siècle.» S'agissant du dossier du Sahara, le ministre a indiqué soutenir l'action des Nations Unies, «dans le respect des résolutions du Conseil de sécurité et dans une solution conforme aux principes de la Charte.» «Les Nations Unies ont un cadre, ce sont les résolutions du Conseil de sécurité et les principes de la Charte. C'est dans ces paramètres que l'Espagne évolue» a-t-il précisé. Le conflit entre Rabat et Alger est source de «préoccupation» pour la diplomatie espagnole. «Evidemment, quand l'Espagne voit que la tension monte entre deux partenaires stratégiques, cela nous inquiète. Ce n'est pas quelque chose d'appréciable. Ce sont deux partenaires fondamentaux pour l'Espagne, mais aussi pour l'Union européenne. Et surtout c'est avec eux que nous construisons la Méditerranée. Les 28 et 29 novembre, la réunion de l'Union pour la Méditerranée aura lieu à Barcelone, où nous parlerons de ces choses. Nous travaillerons bien entendu toujours en faveur de la détente, en faveur du bon voisinage, en faveur de la collaboration et en faveur de la construction de la Méditerranée. Le dialogue est essentiel» a indiqué M. Albares. L'accord de pêche, récemment annulé par les tribunaux européens en raison de la situation au Sahara, suscite une grande inquiétude parmi les pêcheurs travaillant au Maroc. «Les pêcheurs andalous peuvent avoir la certitude absolue que le gouvernement espagnol défendra leurs intérêts. La sentence peut encore faire l'objet d'un recours, en ce moment nous sommes en train d'analyser la sentence (du Tribunal de l'Union européenne, qui a annulé deux accords commerciaux entre le Maroc et l'Union européenne (UE), l'un portant sur les produits agricoles et l'autre sur la pêche)» a-t-il précisé.