Alors que devrait être inauguré très prochainement la Grande Mosquée Mohammed VI à Saint-Etienne, les musulmans stéphanois se mobilisent pour venir en soutien à leur imam Mohammed El Adly, menacé d'éviction. Ce dernier, à la tête de la Grande Mosquée depuis 17 ans, fait pourtant l'unanimité au sein de la communauté des fidèles. La polémique autour de son limogeage pose donc de nouveau la problématique du manque d'indépendance et de transparence dans la gestion des mosquées recevant des financements de l'étranger. Après huit ans de travaux et vingt ans d'attente, la Grande Mosquée de Saint-Etienne est enfin opérationnelle. Elle ouvrira d'ailleurs ses portes aux fidèles très prochainement puisque son inauguration est fixée au 27 juin prochain. 1400m² seront ainsi dédiés au culte musulman dans un édifice à l'architecture hispano-mauresque imposant. Bien évidemment, l'annonce de cette nouvelle ne peut que réjouir les musulmans de Saint-Etienne car il faut dire que la Grande Mosquée s'est faite désirée. Alors que la première pierre a été posée en 2004 et le gros-œuvre achevé en 2009, voilà déjà plusieurs années que les finitions traînent. Entre absence de fonds, malfaçons architecturales et manquements divers, la liste des raisons du retard cumulé est longue. Le dépassement des dates de réalisation de l'ouvrage ont d'ailleurs conduit M. Kamal Ibn Abdelkrim, l'architecte de l'édifice, à convoquer des huissiers pour contraindre l'entreprise en charge de sa décoration, Sotcob, à abandonner le chantier en raison du non-respect des délais de livraison. «L'entreprise a été choisie de le 12 Janvier 2009, elle avait un délai de neuf mois pour effectuer les travaux. Elle avait les moyens puisque 53 ouvriers qualifiés sont venus du Maroc» explique-t-il. Or, en 2011, Sotcob n'avait toujours pas fini les travaux. La patience de l'architecte a donc été mise à rude épreuve au cours des huit années qu'a duré le chantier. Mais si elle l'a été, elle ne l'a pas été autant que celle de la communauté musulmane, ballotée de places en places dans l'attente de l'ouverture du nouvel édifice. Jusqu'à présent, les fidèles se retrouvaient sous un chapiteau, au quartier soleil de Saint-Etienne, pour exercer leur culte ; un espace qui, malgré son bon agencement pour les ablutions, n'en était pas pour autant des plus confortables. Voilà pourquoi l'annonce de l'ouverture prochaine de la Grande Mosquée devait venir satisfaire les doléances des musulmans mobilisés pour l'ouverture rapide de ce nouveau lieu de culte. Cela dit, contrairement au contentement escompté, leurs griefs continuent de claironner de plus belle aujourd'hui. Pourquoi ? L'éviction de l'imam de Saint-Etienne suscite la controverse Tout simplement parce qu'en gagnant une nouvelle mosquée, les musulmans stéphanois viennent de perdre aussi leur favori, l'imam Mohammed El Adly, qui officiait à Saint-Etienne depuis plus de 17 ans. Ce dernier faisait pourtant l'unanimité au sein de la communauté musulmane Rhône-alpine qui, selon un de nos contacts sur place, «appréciait son travail pour un meilleur vivre-ensemble et un dialogue interreligieux et apaisé de tous». Les fidèles se seraient d'ailleurs mobilisés en nombre autour d'une pétition visant à maintenir M. El Adly à sa place mais ils auraient ensuite «décidé de retirer la pétition quand ils ont compris que l'imam n'était pas de chez nous mais un salarié marocain» explique Larbi Marchiche, le recteur de la Grande Mosquée de Saint-Etienne. Car de fait, l'imam est bel et bien un fonctionnaire de l'Etat marocain qui le rémunère par le biais de la Fondation Hassan II et l'appointe pour une durée de quatre ans. Son éviction n'est donc pas tant le fait du Rectorat de la Grande Mosquée de Saint-Etienne qu'il est la conséquence d'une décision prise par les pouvoirs politiques au Maroc. L'éviction de l'imam El Adly soulève donc le problème du manque d'indépendance des mosquées recevant des financements de l'étranger. Pour rappel, Mohammed VI a financé 5 des 8 millions injectés dans la construction de la mosquée de Saint-Etienne. Rectificatif apporté le 13 juin 2012 à 11h30