Tapis rouge pour les parlementaires mauritaniens. Le Maroc courtise les élus du voisin du sud pour contrer l'influence du Polisario en Mauritanie. Le Maroc est aux petits soins avec les parlementaires mauritaniens. Trois jours après l'accueil chaleureux réservé à une délégation de députés du voisin du sud en visite à Rabat, le président de la Chambre des représentants, Habib El Malki, s'est réuni hier avec des représentants de l'Assemblée nationale mauritanienne, en marge de la rencontre de consultation des présidents des parlements africains, tenue jeudi à Rabat. A cette occasion, Habib El Malki a réitéré son appel à «une institutionnalisation des relations» entre les deux institutions législatives «à travers la signature d'un mémorandum de coopération», indique la Chambre basse dans un communiqué parvenu à Yabiladi. La partie mauritanienne a, de son côté, mis l'accent sur «l'importance de renforcer les relations de coopération entre la Chambre des représentants marocaine et l'Assemblée nationale mauritanienne», appelant à «intensifier les échanges de visites et le partage d'expériences et d'expertises». Le mardi, une délégation parlementaire mauritanienne conduite par le président du bureau de la Commission des relations extérieures de l'Assemblée nationale mauritanienne, Mohamed El Mostapha Mohamed Lemine Zeidane, a été reçue par le président de la Chambre des représentants, Habib El Malki, le chef du gouvernement, Saad-Eddine El Othmani, et le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. L'amitié parlementaire au service du rapprochement des deux pays Par ces réunions, le Maroc cherche à rattraper son retard sur le Polisario, qui a déjà de solides réseaux au Parlement et dans les rangs des partis mauritaniens. En témoigne, la visite effectuée à Nouakchott en mars par Bachir Mustapha Sayed. L'émissaire de Brahim Ghali avait eu des discussions avec les secrétaires généraux du Rassemblement des Forces Démocratiques, Ahmed Ould Daddah, et de l'Union des Forces du Progrès (ex-communiste), Mohamed Ould Mouloud, deux enseignes politiques de gauche connues pour leur soutien traditionnel aux positions du Front. Sayed s'était entretenu également avec le vice-président du Rassemblement National de la Réforme Sociale (TAWASOL, selon son acronyme en arabe). Depuis la mi-octobre, la Mauritanie compte un groupe d'amitié parlementaire maroco-mauritanien. La cérémonie officielle de sa création avait connu la présence de l'ambassadeur du royaume, Hamid Chabar, du ministre mauritanien de la Culture, artisanat et des relations avec le Parlement, Lamrabet Ould Banahi et le premier vice-président de l'Assemblée, Hammadi Amimou. Trois semaines après cet événement, et en pleine crise du blocage d'El Guerguerate, Nouakchott avait accueilli le lancement officiel du groupe d'amitié parlementaire mauritano-sahraoui. Le ministre de la Culture, de l'Artisanat et des Relations avec le Parlement, Lamrabet Ould Banahi, y était l'invité d'honneur. Le rapprochement partisan et parlementaire entre le royaume et la Mauritanie a connu des passages à vide suite à certaines déclarations peu amènes envers le voisin du sud et son indépendance. La sortie de Hamid Chabat, en décembre 2016, sur la «marocanité de la Mauritanie» ou encore le communiqué du PJD tançant la direction du parti islamiste Tawasol pour avoir reçu en novembre 2019 le «ministre des Affaires étrangères» du Polisario, ont bénéficié au Front.