Face aux exactions de l'armée israélienne à Gaza, Al Qods et en Cisjordanie, les députés marocains semblent avoir retrouvé leur liberté de ton pour dénoncer les «crimes contre le peuple palestinien». Pourtant aucun n'a osé reprendre les propositions de pénalisation de toute normalisation avec Israël. Ce lundi, la Chambre des représentants a condamné les agressions israéliennes commises à Al Qods, Gaza et en Cisjordanie. Après la lecture d'un communiqué de solidarité avec les Palestiniens par le président de l'institution législative, Habib El Malki, les présidents de groupes et groupements de députés ont pris la parole, au début de la séance des questions orales, pour marquer leurs désaccords avec la politique suivie par le gouvernement Netanyahu. Le PJD s'est montré le plus virulent dans son intervention. Mohamed El Hamdaoui, qui assure depuis quelques semaines la présidence du «Comité de soutien à la Palestine» au sein de son parti, a qualifié les raids de l'armée de Tel-Aviv «de crimes de guerre» et Israël «d'Etat anormal qui ne respecte pas ses accords et ses engagements». Rachid El Abdi, le président du groupe des députés du PAM, a appelé de son côté à une «intervention de la communauté internationale et à unir les efforts arabo-islamiques en vue de mettre un terme à la politique meurtrière contre le peuple palestinien». Au nom du RNI/UC, Chaoui Belassal a dénoncé pour sa part la politique de «judaïsation» de la ville sainte par «les sionistes». Noureddine Mediane, de l'Istiqlal, a pointé du doigt le «silence suspect de la communauté internationale face aux pratiques inhumaines commises contre le peuple palestinien». Mohamed Moubdiî, du Mouvement populaire, est resté sur la même ligne de condamnation des frappes israéliennes, à l'instar des représentants de l'USFP et du PPS. La pénalisation de la normalisation avec Israël, ignorée Si les différents intervenants ont été unanimes pour condamner les agressions israéliennes, ils l'étaient aussi en couvrant d'éloges les efforts entrepris par le roi Mohammed VI, en sa qualité de président du Comité Al Qods, pour apporter son soutien à la cause palestinienne. Tous ont, par ailleurs, salué les contributions financières du royaume dans les projets de sauvegarde du caractère arabo-islamique de la ville sainte à travers l'Agence Bayt Mal Alqods Acharif, dont le siège est basé à Rabat. Mais lors de cette séance de débats à la Chambre des représentants, aucune mention n'a été faite aux deux propositions de loi pénalisant toute tentative de normalisation avec Israël, déposées durant l'été 2013. La première portait la signature du PJD, Istiqlal, PPS, USFP alors que la deuxième émanait du PAM, retirée depuis. Des textes qui avaient fait en son temps grand bruit aussi bien au Maroc qu'en Israël avant d'être mis sous le boisseau. En décembre 2017, ces propositions avaient effectué une brève apparition à l'occasion d'une réunion organisée à la Chambre des représentants, consacrée à la condamnation de la décision de l'ancien président des Etats-Unis Donald Trump de reconnaitre Jérusalem comme capitale d'Israël. Dans des déclarations à Yabiladi, Abdellah Bouanou affirmait au lendemain de cette séance, qu'il «existe une grande volonté de concrétiser cette proposition de loi. Ce qui se passe actuellement en Palestine, à Jérusalem et à Gaza pousse tout le monde à prendre des mesures concrètes». Noureddine Mediane de l'Istiqlal avait émis le vœu d' «une coordination» entre les groupes en vue d'une adoption de la proposition des quatre partis. Depuis ces annonces, rien n'a été entrepris. Le sujet, qui refaisait surface à chaque offensive de l'armée israélienne contre les Palestiniens, est aujourd'hui relégué aux oubliettes. Le Maroc a officiellement repris ses relations diplomatiques avec Israël, le 22 décembre 2020.