C'est à Marrakech que Yabiladi a rencontré Fatimatou et Amina, deux Sahraouiates, originaires de Smara, ville située dans le sud de Tan-Tan. Les deux jeunes femmes racontent les difficultés qu'elles rencontrent chaque fois qu'elles décident de voyager dans le reste du Maroc. Ce qui marque au premier coup d'œil lorsque vous rencontrez Fatimatou et Amina, c'est leur élégance. Toutes les deux portent la «Melhfa», une robe drapée typique des provinces du Sud aux couleurs vives et chatoyantes qu'elles enroulent autour de leur tête et de leur corps. N'épargnant aucun détail de leur tenues, leurs sandales à talons compensées sont assorties à la couleur de leur melhfa respective. 12 heures de bus Les deux jeunes femmes ont fait le déplacement à Marrakech pour assister à une conférence et passer quelques jours de vacances dans la ville ôcre. Mais leur voyage n'a pas été de tout repos. Elles racontent qu'elles ont mis au total 12 heures en car, en partance de Smara pour arriver à Marrakech, pour une distance estimée de plus de 800 kilomètres. 12 heures qui équivalent à un aller et la moitié d'un retour d'un Casablanca-New York en avion ! Le prix du billet Smara-Marrakech est de 250 dirhams. «Notre voyage a été très long. Tu as mal aux jambes et à la tête. Tu dors, tu te réveilles, tu te rendors et tu te re-réveilles et tu n'es toujours pas arrivée !», lance Amina en riant. «Ne pensez-vous pas qu'au lieu de créer une ligne de TGV entre Casablanca et Tanger, il aurait été préférable de développer le transport pour relier les provinces du Sud au reste du pays ?», leur demande-t-on. «Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Tant que le problème du Sahara n'est pas résolu, on aura toujours ce problème de transport. Il y a des gens qui viennent de l'étranger avec des projets pour développer Smara, Laâyoune ou Dakhla mais ils repartent très vite à cause des difficultés administratives, parce que le dossier n'est pas résolu», répond Amina. Recherche un appartement à louer Une fois arrivées à Marrakech, les deux jeunes filles sont exténuées. Mais elles doivent encore se mettre à la recherche d'un logement, avec leurs valises et sacs de voyages à la main. Elles choisissent de ne pas loger dans un hôtel car cela est beaucoup trop pour leur petit budget. Elles décident de louer un appartement chez un particulier. Là encore, c'est le parcours du combattant. «On a rencontré des gens qui louaient des appartements et qui nous ont lancé au visage qu'ils ne nous loueraient pas car on vient du Sahara. Après de longues heures de recherche, on a sympathisé avec un samsar qui s'est porté garant pour nous en disant à un propriétaire d'un appartement qu'ils nous connaissaient et qu'ils pouvaient avoir confiance en nous», explique Amina. «Peut-être que l'un des propriétaires qui a refusé de nous louer un appartement a vécu une mauvaise expérience avec des Saharaouis qu'ils ne lui ont pas payé l'intégralité de son loyer ou qu'ils ont laissé la maison sale. Mais moi ce que je pense c'est que le Sahraoui n'est pas un voleur. Il ne volerait même pas un dirham ! Si je te dois de l'argent et même si j'en ai pas, je te rembourserai quoiqu'il arrive !», poursuit de son côté Fatimatou. «Mais ce que les gens pensent des Sahraouis, ce ne sont que des préjugés. Il faut qu'ils viennent chez nous et ils verront qui on est vraiment. Les gens pensent que le Sahara est loin. Mais ce n'est pas si loin. Il y a une liaison aérienne entre Casablanca-Laâyoune !» renchérit Amina. Au final, les deux jeunes filles finiront par trouver un appartement où loger à la condition de payer une avance du loyer au propriétaire. Ce dernier s'est par la suite senti très mal d'avoir été désagréable avec les deux jeunes filles et leur a présenté des excuses, en les invitant à manger un couscous avec sa famille.