Les associations marocaines à l'étranger réagissent aux propos du Directeur du CCME que nous avions rapportés la semaine dernière. Le premier a nous avoir contacté était Salem Fkire, président de CAP SUD MRE, une association créée à Agadir et qui regroupe des chefs d'entreprise MRE ayant la particularité d'avoir investi au Maroc. Une association qui a l'occasion de l'élaboration de la nouvelle constitution en 2011, a mobilisé de nombreuses associations MRE afin de fixer 9 revendications prioritaires au conseil constitutionnel. Des militants associatifs donc qui n'ont pas apprécié le dénigrement de Driss Ajbali, qu'ils ont ressenti comme une agression. Interview. Yabiladi : Vous nous avez contactés suite aux propos du Directeur du CCME à l'égard des associations des Marocains à l'étranger. Quels sont les points qui vous dérangent dans les propos de M. Driss Ajbali ? Salem Fkire : En effet, j'ai été un destinataire lambda d'un message provenant d'une boîte email au nom de M. AJBALI. J'ai été tout simplement choqué après avoir lu le contenu de son interview donnée le 11 mai 2012 au journal marocain Le Canard Libéré. Une interview sans retenue aucune, ni respect pour ses collègues, ses partenaires dans la défense des droits des MRE, ou, tout simplement, dans la responsabilité pratiquée à un niveau élevé comme le sien. Le ton vindicatif et non soutenu, le contenant décousu et sans structure m'ont laissé perplexe devant le manque de professionnalisme et de respect de la fonction qu'est celle de M. Ajbali. Le CCME est un organe consultatif mis en place par Sa Majesté le Roi Mohammed VI avec une mission claire et noble, celle de soutenir les Marocains résidents à l'étranger et de les rapprocher de leur nation d'origine en facilitant la compréhension de leurs attentes et en prenant en considération leurs points de vue. Aujourd'hui, nous avons honte des propos tenus par M. Ajbali qui, sous prétexte de franchise et de démocratie, se permet des propos condamnables et compromettants pour l'organisation qu'il représente. Je lui rappelle, pour ma part, que dans un pays démocratique, quand un représentant de haut niveau, comme lui, commet des écarts de ce genre, ce dernier prend presque tout seul l'initiative de démissionner et de présenter des excuses. Au nom du tissu associatif MRE que M. Ajbali a tenu à décrédibiliser, nous lui répondons que nous avons trop de respect pour cette institution que Sa Majesté nous a offerte pour nous représenter et que nous ne jouerons pas son jeu en descendant si bas dans les échanges. Nous pensons déposer un courrier auprès de M. Le Premier ministre que nous prierons de bien vouloir remettre à Sa Majesté le Roi de la part d'associations MRE, aujourd'hui blessées, par les propos de M. Ajbali. Pour répondre aux attaques, dites-nous justement quelles sont vos actions concrètes ? Quelles associations représentez-vous ? Dans le volet économique, nous avons récemment accompagné la JMG Académie pour son installation au Maroc et, plus particulièrement à Agadir, avec un investissement en fonds propres de 10 millions € sur 7 ans. Nous sommes aussi actuellement en train d'accompagner des investisseurs anglais sur un projet de villégiature pour retraités anglais dans le sud marocain et, la semaine prochaine, je vais en Bretagne rencontrer un promoteur breton pour le même concept. Nous sommes fiers que ces différents acteurs économiques nous aient contactés car cela représente, à terme, plus de 30 millions € d'investissement. Notre but est d'utiliser nos canaux relationnels, de les fédérer et ainsi de générer de l'investissement dans notre région et de faciliter leur installation. Sur le plan politique, nous essayons, suite aux engagements pris par le PJD et le PPS, de mettre en place les revendications signées, telles que la mise en application des articles 16, 17, 18, 163 de la nouvelle Constitution, un amendement concernant la possibilité de garder notre véhicule sur le territoire sans limite de temps avec une contrepartie sous forme de vignette fiscale. De même, nous avons rencontré M. Pouria Amirshahi et Najet Belkacem pour leur présenter 10 revendications, pendant la campagne électorale en France, qui avaient pour but les intérêts des binationaux et des Marocains en France. Nos actions sociales, sont d'aider respectivement M. Freikh et M. Makkarade, après qu'ils nous aient contactés pour la spoliation de leurs terrains; un choc qui a été fatal à leurs pères. Mais aussi, nous essayons de mobiliser un maximum de médias, de politiques et d'associatifs pour qu'ils exhortent nos anciens combattants à se déplacer auprès des institutions françaises, afin qu'ils réclament ce qui leur est dû, leur retraite équivalente à leurs frères d'armes français, car l'article 211 de la loi de finance 2012 leur permet de le réclamer, avant la date butoir qui est le 1er janvier 2014. Nous avons fait signer, lors de nos différents débats, des conventions de partenariat avec 46 associations pour la défense des 12 revendications auprès des politiques marocains et, surtout, afin de servir de pont entre ceux qui sont installés en France et nous au Maroc. Actuellement, nous sommes en contact avec une vingtaine d'élus binationaux en France pour porter auprès des organes politiques français nos besoins. Quel bilan faites-vous de la gestion de la question de la diaspora par les autorités ces dernières années ? Il est clair que si nous parlons encore de la problématique de la diaspora, c'est que rien n'est résolu, en premier chef parce que les principaux acteurs de ces institutions ne sont pas MRE mais, le plus grave, c'est qu'ils sont enfermés dans leur vérité et ne sont à notre écoute que sur les plateaux de télé de juin à septembre. Il est temps que les différents responsables réalisent que les générations ne sont plus les mêmes et que nos besoins sont totalement différents de ceux de nos pères. Notre implication ne doit plus être seulement économique mais aussi politique, n'en déplaise à certains de nos responsables. Car si l'on veut maintenir ce cordon ombilical, il est important de se rendre compte que nous n'avons pas les mêmes attaches familiales qu'avaient nos parents qui leur imposaient un retour régulier. Il est nécessaire qu'une sorte de conseil des ministres, réunissant l'ensemble des décideurs, nous entende et, surtout, nous écoute et prenne des décisions en synergie car nos problèmes touchent l'ensemble des institutions marocaines.