La Fête de l'Humanité a été l'occasion pour de nombreux compatriotes de s'interroger sur la représentativité des Marocains résidents à l'étranger au niveau des nouvelles institutions, dans la droite ligne de la Constitution du 1er juillet 2011. La question étant passée au second plan par la focalisation des partis politiques sur le volet de la liste nationale mixte (femmes et jeunes), il est naturellement légitime pour notre diaspora de s'interroger sur la place qui sera réservée aux Marocains du monde dans le nouveau parlement qui se mettra en place après les élections législatives anticipées du 25 novembre prochain. Fkire Salem, président de l'Association Cap Sud MRE, qui a rendu visite au stand d'Al Bayane à la Fête de l'Humanité a eu un long entretien avec la délégation du Parti du progrès et du socialisme, conduite par Abdelouahad Souhail, membre du Bureau politique. Nous avons profité de ce passage pour faire le point sur cette question. Fkire Salem estime que, au moment où le Parlement examine les projets de lois organiques, la question ne devait pas se poser « à partir du moment que la Constitution a clairement indiqué que les Marocains de l'étranger devront avoir une participation pleine et entière ». Sauf que lors de son séjour au Maroc, au cours duquel il a notamment signé une convention avec le Parti du progrès et du socialisme et rencontré plusieurs acteurs politiques, il affirme ne pas «avoir d'échos sur la question tant au niveau du Ministère de l'Intérieur qu'au niveau de la classe politique». Leur accordant « le bénéfice du doute, face à d'autres préoccupations majeures», il tire la sonnette d'alarme pour prévenir des «conséquences» d'une «occultation de la présence des Marocains du monde dans les nouvelles institutions». Auquel cas, il affirme que «les élections seront anticonstitutionnelles», surtout que les trois articles du texte suprême, réservés à cette question, «sont clairs et nets». Pour le dirigeant de l'Association Cap Sud MRE, qui regroupe un tissu associatif dense, la communauté marocaine à l'étranger est «inquiète» et sent déjà «une certaine frustration» due au manque de visibilité. Car la chose « devait se faire automatiquement, en traduisant l'esprit de la Constitution. Or les accords consensuels entre les partis politiques n'avaient pas fait référence à cette représentation des MRE et la liste nationale mixte parle de 60 femmes et 30 jeunes sans spécifier la présence de notre immigration en son degré de représentativité. Ce qui laisse la latitude aux partis d'inclure dans ces listes des candidats MRE. Chose que le PPS envisage et déjà a reçu un certain nombre de candidatures en provenance de compatriotes installés à l'étranger et d'anciens MRE revenus au pays. Fkire Salem résume la démarche en la comparant à un «tagine» à la préparation duquel «nous avons participé mais on tente de nous priver de la dégustation…». Aujourd'hui, «il faudra restaurer la confiance politique avec notre pays et éviter l'ébauche d'une défiance. Car si nous nous battons, c'est parce que nous aimons le Maroc». Il faudra comprendre que «Rome ne s'est pas bâtie en un jour», insiste-t-il. C'est pourquoi, il revendique une «véritable compensation et de manière conséquente», à la hauteur de «l'apport multiforme au pays». «Nous ne vivons pas au Maroc mais nous y faisons vivre bien des familles et nous sommes des consommateurs également», affirme-t-il avant de déclarer que «nous ne cherchons pas des privilèges mais tout simplement à être traités comme des citoyens à part entière».