L'OCP acteur économique de poids dans l'économie marocaine, devient également une force stratégique pour la diplomatie du Royaume. En atteste le rapprochement avec le Nigéria et les messages chaleureux du président Muhammadu Buhari. Dans une série de tweets, le président nigérian, Muhammadu Buhari, se félicite de l'accompagnement du royaume à la Presidential Fertilizer Initiative (PFI), lancée juste après la visite du roi Mohammed VI à Abuja en décembre 2016. «Ce partenariat mutuellement avantageux entre nos deux pays est un véritable exemple de la manière dont le commerce et le partenariat intra-africains devraient fonctionner», a-t-il salué. Ses éloges interviennent trois semaines après la conclusion à Casablanca d'un accord entre Rabat et Abuja portant le développement d'une plate-forme de produits fertilisants pour un investissement de 1,3 milliard de dollars. Une signature faite lors de la visite d'une délégation nigériane conduite par le ministre d'Etat des Ressources pétrolières, Timpire Marlin Sylva. Nigeria and Morocco have signed an agreement to develop a $1.3 billion Basic Chemicals Platform in Nigeria that will produce Ammonia and various NPK and DAP fertilisers, using Nigeria's gas reserves. We are well on our way to becoming a regional and global fertiliser power house. — Muhammadu Buhari (@MBuhari) March 25, 2021 L'engrais en attendant le gazoduc... «Permettez-moi de saisir cette occasion, au nom des Nigérians, pour remercier mon frère et ami, Sa Majesté le Roi du Maroc, d'être à nos côtés le long de ce parcours difficile, mais passionnant», a écrit Buhari. Pour rappel, début février, le président a remercié le Maroc pour son soutien à la production d'engrais au Nigéria. «Nous sommes toujours reconnaissants au Maroc pour le soutien qu'il nous a apporté dans la production d'engrais dans le pays. Nous avons 42 entreprises produisant des engrais dans six zones géopolitiques.» Muhammadu Buhari Cette diplomatie des engrais remonte à juillet 2015. En effet, c'est lors d'un déplacement de Nasser Bourita, alors ministre délégué aux Affaires étrangères au sein du gouvernement Benkirane II, et du chef de de la Direction générale de la documentation et des études (DGED), Yassine Mansouri, que le royaume a proposé à Buhari, fraichement élu, le projet d'installation par l'Office chérifien des phosphates (OCP) d'une usine de produits fertilisants. Un cadeau pour aider le président à asseoir les bases d'une véritable agriculture moderne dans son pays, conformément à ses promesses de relance de l'économie, faites lors de la campagne présidentielle de mars 2015. Depuis, cette diplomatie a permis au Maroc d'éloigner le Nigéria de l'axe Alger-Pretoria. Tout en continuant à reconnaitre la «République arabe sahraouie démocratique», les positions d'Abuja sur la question du Sahara occidental ont évolué vers une neutralité qui sied aux intérêts du Maroc sur la scène africaine. Le projet du gazoduc et les sommets entre les deux pays, de 2016 à Abuja et de 2018 à Rabat, ainsi que le dernier appel téléphonique du 31 janvier entre les deux chefs d'Etats, attestent du niveau de partenariat maroco-nigérian.