La construction d'une usine d'engrais au Nigeria permettra à ce pays, le plus peuplé d'Afrique (201 millions d'habitants), une fois achevée, de devenir un hub régional et mondial de production d'engrais et de l'ammoniac. Fruit d'un partenariat gagnant-gagnant, ce projet symbolise la dynamique d'une coopération exemplaire Sud-Sud prônée par SM le Roi Mohammed VI et le Président Muhammadu Buhari. L'axe Rabat-Abuja se consolide. Et les deux chefs d'Etat, SM le Roi Mohammed VI et le Président Muhammadu Buhari, ne ménagent aucun effort pour faire de la coopération entre le Maroc et le Nigeria un modèle sur le continent. Cette volonté vient d'être exprimée par le président Buhari en saluant les efforts et le concours marocain dans la construction d'une usine d'engrais dans son pays, lors d'une conversation téléphonique récente avec le Souverain. En félicitant SM le Roi pour la mise en service prochainement de la nouvelle plateforme de produits chimiques de base pour un coût de 1,3 milliard de dollars, grâce au partenariat de son pays avec le Maroc et le Nigeria, le dirigeant du pays le plus peuplé d'Afrique (201 millions d'habitants), redessine la coopération interafricaine en se projetant dans l'avenir. Avec cette déclaration, c'est un nouveau palier qui est ainsi franchi dans la coopération entre le Maroc et le Nigéria. Dans la lignée du projet titanesque gazoduc Maroc-Nigéria, devant mesurer environ 5 660 kilomètres de long (longeant la côte Ouest Africaine en traversant ainsi 14 pays : Nigéria, Bénin, Togo, Ghana, Côte d'Ivoire, Liberia, Sierra Leone, les trois Guinée, la Gambie, le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc), s'ajoute désormais le secteur agricole. Un domaine dans lequel les deux Etats s'activent désormais. Pour comprendre la portée de ce volet agricole, soulignons qu'il s'agit d'une plateforme en cours de construction. Elle permettra au Nigeria, une fois achevée, de devenir un hub régional et mondial de production d'engrais et de l'ammoniac, comme l'indique le chef d'état nigérian lors d'une rencontre avec l'Association des producteurs et fournisseurs d'engrais du Nigeria (FEPSAN). Implantation progressive L'objectif est de produire de l'ammoniac, l'acide phosphorique et sulfurique et divers engrais azotés, phosphore et potassium...etc, en combinant les phosphates en provenance du Maroc (fournis par l'OCP) et les réserves de gaz du Nigeria. A travers cette plateforme, l'OCP, cheville ouvrière de cette prouesse technico agricole, continue son implantation sur le continent avec la mise en place de 14 filiales en Afrique et la production d'engrais. Déjà neuf filiales ont été ouvertes sur une quinzaine prévue au Bénin, en Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Ghana, au Kenya, au Sénégal, en Tanzanie et en Zambie. Aussi une unité d'engrais sera construite en Ethiopie pour 3,7 milliards de dollars (dont la mise en service est prévue 2023/24), un mémorandum d'entente entre le groupe OCP et la Tanzanie Ferilizer Compagny (TFC) est déjà paraphé Tanzanie. Jusqu'à présent, le groupe a également installé 28 unités de mélange d'engrais et proposé une formation à 75 000 agriculteurs africains dans huit pays. Il a aussi conclu un accord pour une usine de production d'engrais au Rwanda sous l'égide de Rwanda Fertilizer Company (57,4 % détenu par l'OCP et 42,6 par l'Etat rwandais). Aussi, dans le cadre du nouveau programme d'expansion des engrais (GFEP) mis en place par le gouvernement ghanéen, l'OCP participera à l'optimisation de la chaîne de valeur des engrais au Ghana afin de fournir aux agriculteurs des engrais personnalisés à des prix abordables, indique un communiqué du groupe. Seront notamment proposées des formations, des cartographies des sols, la préparation d'engrais, etc. Le protocole va aussi plus loin avec la volonté d'explorer la possibilité de créer une usine de production d'engrais conjointe combinant gaz naturel du Ghana et phosphate du Maroc. Diplomatie économique Dans le détail, le projet nigérian débouchera sur une plateforme industrielle polyvalente qui devrait produire de l'ammoniac, de l'acide phosphorique, de l'acide sulfurique et divers azote, phosphore et potassium (NPK) et les engrais phosphatés de diammonium (DAP), en utilisant les réserves de gaz du pays. Il est la résultante du succès de la première phase de l'Initiative présidentielle sur les engrais (PFI) du Nigeria et à l'avancement du projet d'usine de production d'engrais lancé en 2018 par l'OCP et NSIA. Toujours est-il que ce projet vient conforter la diplomatie économique du Maroc sur l'échiquier africain quand on sait que l'Algérie fait mine grise d'autant plus que la CEDEAO a déjà acté le projet du gazoduc Maroc-Nigeria. Un choix bien-fondé puisque la construction d'un tel gazoduc permettrait l'électrification de la région et pourrait être bénéfique à plus de 300 millions de personnes. Egalement, un tel projet placerait la région comme nouveau pôle d'approvisionnement pour l'Europe face à la Russie, la Norvège et l'Algérie. Et ce n'est pas tout. Rappelons, à ce sujet, qu'au cours de l'échange téléphonique, le Président a annoncé avoir convenu avec SM le Roi Mohammed VI, « de prolonger l'accord actuel d'approvisionnement en phosphates conclu entre le Royaume du Maroc et le Nigeria ». « Nous sommes convaincus que pour consolider et fortifier les réussites enregistrées jusqu'à présent, nous devons garantir la fourniture de matières premières à nos mélangeurs », a-t-il ajouté. Le président nigérian a noté, dans ce sens, que la nouvelle usine, une fois achevée, viendra s'ajouter aux installations existantes de Dangote et d'Indorama Chemicals qui produisent de l'urée, de l'ammoniac et d'autres matières premières industrielles. « Lorsque ces projets seront associés aux 44 usines de mélange existantes, le Nigeria deviendra, en effet, un hub régional et mondial en matière d'engrais », s'est-il réjoui.