En dressant le profil du Maroc face au changement climatique, la Banque mondiale alerte sur le réchauffement climatique, la pluviométrie et l'impact sur plusieurs secteurs dont l'agriculture, la pêche et la santé. En raison d'une combinaison de facteurs politiques, géographiques et sociaux, le Maroc est reconnu comme vulnérable aux impacts du changement climatique, a estimé le Groupe de la Banque mondiale. Dans une étude sur le profil du Maroc face aux risques climatiques publiée en ce mois de février, l'institution a rappelé que «les tendances du changement climatique ont déjà exercé une pression sur les ressources naturelles du pays, affectant la résilience des écosystèmes forestiers et du secteur agricole, en particulier en raison de la rareté de l'eau». L'étude dresse ainsi les tendances actuelles de cet impact. Elle rappelle ainsi que «des températures accrues sont attendues dans toute la région de l'Afrique du Nord», alors que «la température annuelle moyenne devrait augmenter de 1,5 °C à 3,5 °C d'ici le milieu du siècle et peut-être de plus de 5 °C d'ici la fin du siècle». Des ressources en eau en baisse et réchauffement plus rapide De ce fait, pour le Maroc, «les taux de réchauffement devraient être plus rapides à l'intérieur du pays» et cette hausse de température devrait augmenter dans tous les scénarios d'émissions, alerte la Banque mondiale. Cela impactera les précipitations, les projections indiquant une réduction significative de la pluviométrie annuelle moyenne à travers le pays, de 10% à 20% et jusqu'à 30% pour la région saharienne. Les ressources en eau devraient diminuer en raison de l'augmentation des périodes arides et des conditions de sécheresse. «Même sans changement des précipitations, l'évaporation augmentera en raison de la hausse des températures et donc l'humidité de surface du sol diminuera», menaçant ainsi l'agriculture, poursuit l'étude. En plus de l'augmentation de la sécheresse et des inondations dans certaines régions ainsi que d'autres risques liés au climat, le changement climatique devrait augmenter la fréquence et la gravité des événements météorologiques au Maroc. L'élévation du niveau de la mer pose aussi un risque élevé pour les zones côtières et en particulier les zones urbaines au Maroc. «On estime que 42% du littoral sera exposé à un risque élevé d'érosion et d'inondations d'ici 2030. Des secteurs clés tels que l'agriculture et l'élevage, la santé, les ressources en eau et le tourisme seront impactés.» Etude de la Banque mondiale Etendre le système national de surveillance hydrométéorologique Plusieurs secteurs risquent ainsi d'être touchés. Dans ce sens, l'étude évoque des rendements et une rentabilité réduits pour l'agriculture, la modification de certaines régions fertiles, des impacts sur les capacités de refroidissement des centrales électriques et donc sur le secteur de l'énergie ainsi que des répercussions sur le secteur de la pêche, les forêts, la santé et même le tourisme. «Environ 2/3 des plages du Maroc sont menacées d'érosion côtière», ajoute-t-on. Pour faire face au changement climatique et en plus des efforts entrepris par le pays dans ce sens, la Banque mondiale émet une série de recommandations, devant notamment combler certaines lacunes. Ainsi, elle suggère d'«améliorer la compréhension de l'impact et de l'ampleur des événements liés au changement climatique à travers le pays», de «renforcer les capacités de surveillance environnementale pour une gestion environnementale plus efficace» et d'«accroître les investissements dans les stations météorologiques et étendre le système national de surveillance hydrométéorologique du pays». L'étude recommande aussi de «renforcer la capacité technique pour intégrer les techniques d'agriculture intelligente, l'amélioration de l'efficacité des ressources en eau et la gestion des risques liés au changement climatique dans les secteurs clés identifiés». Pour l'institution, il est aussi important d' «améliorer les méthodes de collecte de données pour les secteurs agricole et forestier», d'«élargir le Plan Vert Maroc pour inclure un plus grand degré d'agroforesterie, de produits agricoles et de parcours dans les calculs d'émission» et d'améliorer les cadres de gouvernance institutionnelle et réglementaire qui traitent spécifiquement du changement climatique pour garantir la cohérence des politiques dans tous les secteurs».