Remontant vraisemblablement à dimanche dernier à Las Palmas, une vidéo a ému et provoqué la colère, mais surtout fait réagir au niveau associatif et politique au Maroc. Elle documente des traitements de violence, de coups de poing et de pieds infligés par des agents espagnols à des mineurs isolés, dont certains sont Marocains. Le bureau exécutif de la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l'Homme (LMCDH) a dénoncé les agressions et violences physiques infligées à des mineurs vraisemblablement marocains par des agents espagnols, documentées dans une vidéo circulant sur Internet. «La séquence montre clairement que certains gardes espagnols donnaient des coups de pied et de poing à des mineurs, dont certains seraient Marocains, à l'intérieur d'une mosquée à Las Palmas. L'un des mineurs a été pris de panique et s'est mis à crier», a dénoncé l'ONG mercredi 3 février, dans un communiqué parvenu à Yabiladi. Des appels de la Ligue ont été lancés, pour que le parquet espagnol enclenche une enquête sur la vidéo et prévoit des sanctions judiciaires et administratives contre les policiers en question. L'ONG a interpelé également le gouvernement marocain, par l'intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, pour «envoyer une demande d'explication à son homologue espagnol, sur ces pratiques auxquelles sont exposés les mineurs marocains en Espagne». En effet, l'instance rappelle que «la base juridique qui prime en termes de protection des mineurs consiste en les dispositions internationales, que la justice espagnole est tenue de garantir en fournissant les outils nécessaires aux mineurs migrants, afin de les accompagner dans leur propre décision de rester sur le territoire espagnol ou partir». Dans ce sens, l'ONG rappelle que cette obligation s'applique grâce à une décision de la Cour constitutionnelle, qui a empêché en 2009 l'expulsion d'une mineure marocaine sans-papiers, en se référant à la Convention internationale des droits de l'enfant en termes de protection des mineurs. Lourd passif de mauvais traitements à l'égard des mineurs isolés La Ligue rappelle aussi que l'Espagne «a été impliqué dans de nombreuses violations des droits de ces mineurs, notamment dans les deux villes de Ceuta et Melilla occupées». Dans les deux enclaves espagnoles, la Ligue souligne avoir constaté des pratiques de «contrôles médicaux humiliants, au cours desquels [les jeunes] sont contraints de se déshabiller et de se soumettre à des examens de leurs organes génitaux et de leurs dents, ce qui est une procédure incompatible avec les valeurs culturelles» des concernés. L'ONG relève aussi un «déni du droit à l'éducation et à la formation professionnelle» de la part des autorités compétentes, en plus du «placement au cachot» en guise de «punition», pendant une période «pouvant aller jusqu'à une semaine». Espagne : La mère d'Ilias Tahiri dénonce «un meurtre» L'association révèle que «certains mineurs ont été victimes d'agressions sexuelles», entre autres «violations systématiques et délibérées». Par ailleurs, elle site un rapport international non-gouvernemental, indiquant notamment que «les mineurs marocains de Melilla sont battus à coups de poing, de matraque et de coups de pied par la police de la puissance occupante, tandis qu'à Ceuta, ils sont exposés à des coups brutaux s'ils tentent de fuir pendant que la police espagnole les poursuit». Elle relève aussi la surpopulation des centres d'hébergement pour enfants et qui relèvent du Département de la protection sociale dans les deux enclaves, en plus du service de cantines incluant de maigres repas préparés souvent avec de la viande porcine ou encore de privations de services de santé. Quelques heures après les appels de l'ONG à se pencher en premier lieu sur la vidéo diffusée via Internet, en tant qu'illustration de ces mauvais traitements, l'agence de presse espagnole EFE a rapporté, mercredi également, que l'ambassadeur d'Espagne à Rabat, Ricardo Díez-Hochleitner, a été convoqué au siège du ministère marocain des Affaires étrangères. Dans la journée, le gouvernement marocain a exprimé sa «préoccupation» au sujet des faits, documentés à Las Palmas de Gran Canaria.