L'absence de Brahim Ghali du paysage politique soulève des interrogations. Le secrétaire général du Polisario, visiblement dépassé par les événements, a choisi de se taire en attendant l'investiture de Joe Biden. Depuis plusieurs semaines, Brahim Ghali est passé en mode silencieux. Le secrétaire général du Polisario reste cloîtré dans «son palais jaune» dans les camps de Tindouf, laissant à ses lieutenants le soin de communiquer et commenter les événements. Un vide que Oubi Bouychraya, représentant du Front en Europe, Hamada Selma, «porte-parole du gouvernement» ou encore Bachir Mustapha Sayed, «ministre conseiller à la présidence», tentent de remplir avec les moyens du bord et en l'absence d'un chef d'orchestre. Du coup les surenchères et les contradictions entre les responsables censés appartenir au même bord, se multiplient. «Cette absence ne serait pas motivée par une nouvelle détérioration de son état de santé. Dans une petite société comme celle des camps, il est difficile de garder secret une telle information longtemps», affirme dans des déclarations à Yabiladi Bahi Larbi Ennass, un ancien haut officier dans les rangs de l'armée du Polisario de 1982 à 1992. En attendant Biden... Cet étrange silence en dit beaucoup sur l'incapacité de trouver des réponses concrêtes aux derniers bouleversements du contexte régional. «Brahim Ghali n'a tout simplement rien à dire à la population des camps. Il est dépassé par la vitesse des événements au Sahara. Ces dernières semaines, il a essuyé de nombreux revers, perdant notamment la carte du blocage d'El Guerguerate, après l'intervention des FAR le 13 novembre 2020. Ses menaces de mener une guerre contre le Royaume pour reprendre le passage entre le Maroc et la Mauritanie se sont révélées sans lendemain», explique Ennas. «Les appels du chef du Polisario pour une mobilisation et l'enrôlement des jeunes dans les écoles militaires pour suivre des formations aux maniements des armes ont été un échec !» Bahi Larbi Ennass L'assurance de Brahim Ghali quant à l'ouverture des consulats de plusieurs pays au Sahara s'est également dégonflée. «Selon le chef du Polisario, seuls les "petits pays" ont inauguré des consulats au Sahara. Une version éculée alors que les Etats-Unis ont décidé de rejoindre la liste de ces "petits pays"», ajoute Bahi Larbi Ennass. L'ex-officier du Polisario estime que ce silence devrait se prolonger jusqu'à l'investiture de Joe Biden, le 20 janvier. Le lobby algérien à Washington est déjà entré en action en vue de convaincre des figures du Parti Démocrate de plaider pour les positions algéro-polisariennes. Cette campagne est appuyée par des tribunes parues dans des médias invitant l'administration Biden à abroger le décret de Donald Trump reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Dès le 15 décembre, la publication Foreing Policy a ouvert ses colonnes à John Bolton et le 10 janvier à trois universitaires américains pour défendre la même requête. «Après le départ de Trump de la Maison blanche, cette offensive est appelée à s'accentuer jusqu'à ce que Joe Biden ou Antony Blinken (le successeur de Mike Pompeo) s'expriment publiquement sur le sujet», conclut Bahi Larbi Ennass.