Mohamed Khattou recycle les pneus en caoutchouc, pour fabriquer divers objets de décoration très appréciés par les touristes étrangers. Une dynamique qui l'a poussé à créer une coopérative dans un village près de Tiznit, où il fait travailler des artisans locaux. Du haut de sa trentaine, le jeune entrepreneur Mohamed Khatou transforme les pneus en caoutchouc usagés pour en faire de nouveaux objets. Il contribue ainsi à protéger l'environnement de ces déchets qui mettent des siècles à se décomposer. Pourtant, ce créateur n'était pas destiné à devenir designer. Dans ses déclarations à Yabiladi, Mohamed Khattou indique avoir fait des études en hôtellerie. En 2009, il fait ses débuts avec un architecte. Mais en 2013, il se retrouve sans emploi. «Pendant près de neuf mois, je ne voulais pas travailler pour un tiers ou une entreprise», nous confie-t-il. Vers le design durable Après avoir quitté son premier emploi, Mohamed est retourné dans son petit village, situé à dix kilomètres de la ville de Tiznit. «Il y avait chez nous des pneus en caoutchouc, que la famille utilisait pour chauffer la salle de bain. J'ai été frappé par le volume de fumée qui montait dans le ciel et je savais que ce processus de combustion impactait considérablement l'environnement. J'ai donc réfléchi à un moyen utile pour recycler ces objets». Mohamed Khattou commence par la conception manuelle d'une table basique, en utilisant ces pneus en caoutchouc. Encouragé par son entourage familial, il a commencé à développer son savoir-faire pour fabriquer d'autres outils. «J'ai pu compter sur l'aide de mon frère Saïd et nous avons conçu des outils simples au départ. Nous n'étions pas en mesure d'acquérir des machines pour nous aider. Après avoir créé un certain nombre de pièces, nous avons cherché le moyen de les commercialiser.» Mohamed Khattou Tiznit étant une petite ville, les deux frères ont donc préféré se diriger vers Agadir. «J'ai commencé à vendre nos créations dans une barraque. Puis notre situation s'est améliorée et j'ai pu investir nos bénéfices pour agrandir le projet», nous déclare-t-il avec fierté. «Le processus de fabrication est simple. Nous commençons d'abord par nettoyer les pneus usagés. Nous faisons le tri pour ne garder que ceux réutilisables. Nous les débarrassons de leur mauvaise odeur. On en fait alors des porte-clés, des montres, des sacs, des tables, des vases...» Mohamed Khattou Le créateur se fournit en matière première en allant dans les marchés de ferraille. Il se dirige aussi vers les garages de réparation de vélos et de motos. «Pour les gros pneus par contre, j'ai un fournisseur spécial», précise-t-il. Un projet en besoin de redémarrage après la crise du nouveau coronavirus Après avoir développé son projet, Mohamed a décidé de créer une coopérative dans son village natal, à la fin de l'année 2015. Il y emploi de la main-d'œuvre locale, et distribue sa production à Agadir et Marrakech. Il a participé à des expositions à Casablanca, à Tanger et à Essaouira, et ses produits ont séduit des clients venus de France, d'Espagne ou des Pays-Bas. «Malheureusement, les Marocains regardent souvent ces produits de haut. Ils les considèrent encore comme de simples pneus en caoutchouc, même s'ils sont recyclés. Nos clients sont principalement des touristes, mais avec la crise sanitaire actuelle, le projet a été grandement affecté et nous avons presque arrêté de travailler. Sur les 15 travailleurs, seuls trois sont restés.» Mohamed Khattou Le concepteur de cette chaîne de produits recyclés a exprimé son espoir de développer davantage son initiative. Et il a encore «plein d'idées» créatives, mais pour les mettre en œuvre, il espère bénéficier de soutien...