Le chef du gouvernement ne tarit pas de déclarations-attaques contre la presse et ciblant, surtout, l'entourage royal. La fête du travail a donné à Benkirane une occasion d'en remettre une couche. Croissance économique et déficit de la Caisse de compensation, deux sujets savamment oubliés par le secrétaire général du PJD. Sans contestation, Abdelilah Benkirane est l'attraction de la fête du travail de cette année. Sa présence au meeting, tenu le 1er mai au boulevard Bouchaib Doukkali à Casablanca, de l'UNTM (Union national du travail au Maroc), le bras syndical du PJD dirigé par Mohamed Yatim, son homme de confiance, arborant sa nouvelle casquette de chef de gouvernement, a manifestement drainé du monde. Les médias à l'affut de la moindre déclaration ou clin d'œil du secrétaire général de la Lampe, n'ont pas raté l'occasion et fortement répondu présent. Et ils ont été bien servis par Benkirane qui les a gratifiés de propos et de gags que lui seul en détient le secret, attaquant à la fois certains supports de la presse écrite arabophones, notamment les quotidiens «Annahar Al Maghribia» et «Assabah», à la solde, selon lui, des «conspirateurs» et des «crocodiles», l'entourage royal et critiquant, mais sans le nommer, la mauvaise gestion de son prédécesseur à la primature. Laquelle, selon lui, a conduit le pays au surendettement. C'est sa riposte à la récente sortie médiatique de Abbas El Fassi lors d'une réunion du comité exécutif de l'Istiqlal durant laquelle l'ancien premier ministre s'est montré «assez sévère» à l'égard de l'équipe Benkirane. Benkirane cible encore l'entourage royal Le chef de l'exécutif commence par réitérer sa ferme volonté de ne pas tomber dans le piège tendu par des «conspirateurs» et «les crocodiles» qui souhaitent ardemment une confrontation directe entre lui et le roi Mohammed VI. Le chef du gouvernement, très à l'aise et usant un discours très simple parfois même simpliste, a lancé à ses partisans qu'«il n'y aura jamais entre nous d'affrontements». Visiblement l'entente entre l'entourage royal et le chef du gouvernement traverse une phase froide. En une semaine, précisément dimanche 24 avril et vendredi 27 avril à Rabat, Benkirane a multiplié des déclarations attestant, si besoin est, de la mauvaise relation entre lui et les conseillers du roi. La polémique autour des cahiers de charge de 2M a ravivé cette tension. Dimanche 1er mai à Casablanca, il récidive par «les Marocains aiment le roi mais ils ne toléreront jamais, et nous non plus, d'être exploités par des tierces au nom du roi, Dieu ou la patrie». Le message est clair. La destination, également. Le seul sujet favori de Abdelilah Benkirane qu'il a évité d'évoquer, à Casablanca, est le printemps arabe. Aucune référence ou menace de sa part du possible retour des révolutions dans la région. Est-ce là la conséquence de sa rencontre de la semaine dernière avec le roi ?