Après l'annonce du partenariat stratégique entre Washington, Londres et Canberra, débouchant sur l'annulation par l'Australie d'un contrat d'achat de sous-marins à la France, Paris a annoncé ce vendredi soir le rappel de ses ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie pour consultations. Historique. Pour la première fois, la France rappelle ses ambassadeurs à Washington et Canberra. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a justifié cette décision « exceptionnelle », faite à la demande du président Emmanuel Macron, « par la gravité exceptionnelle des annonces effectuées le 15 septembre par l'Australie et les Etats-Unis ». En cause, l'annonce faite mercredi par Joe Biden d'un partenariat sécuritaire avec l'Australie et le Royaume-Uni. Ce partenariat, qui comprend la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire à l'Australie, a provoqué du même coup l'annulation par Canberra d'un gigantesque contrat passé avec Paris en 2016 sur la fourniture de douze marins français à propulsion conventionnelle. Depuis, les autorités françaises ne décolèrent pas. Jeudi, Jean-Yves Le Drian a dénoncé un « coup dans le dos » de l'Australie et une décision « brutale » du président américain Joe Biden qui, selon Paris, n'a pas pris la peine de consulter la France avant son annonce. Sur RFI, la ministre des Armées Florence Parly a quant à elle critiqué « une très mauvaise nouvelle pour le respect de la parole donnée » et une décision « grave » en matière de politique internationale. Le sentiment de trahison côté français est extrêmement important et cette décision de rappeler ses ambassadeurs vise à faire comprendre aux Etats-Unis et à l'Australie que la France est en colère. Paris a également annulé une soirée de gala prévue vendredi soir pour commémorer l'anniversaire de la bataille de Chesapeake Bay, décisive dans la guerre d'indépendance des Etats-Unis, conclue par une victoire de la flotte française sur la flotte britannique, le 5 septembre 1781. Si sa décision de rappeler ses ambassadeurs est justifiée, Paris ne doit pas « ajouter une crise dans la crise », avertit le chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique Antoine Bondaz. Selon lui, il faut au contraire immédiatement penser à la suite : obtenir des compensations financières de l'Australie ; éventuellement des compensations politiques des Etats-Unis et de l'Australie ; adapter sa stratégie Indo-Pacifique. « Il y a une chose qui ne change pas : c'est l'importance de l'Indo-Pacifique, où la France a des intérêts de souveraineté, avec plus de 1,6 million de Français qui vivent dans des territoires français dans cette zone », rappelle le chercheur.