Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a réitéré, mardi, sa vive préoccupation quant à la détérioration de la situation des droits de l'homme en Algérie et à la poursuite de la répression contre le Hirak, dénonçant « le recours à la violence pour disperser les manifestations pacifiques » et « les arrestations arbitraires et la détention de personnes ayant exercé leurs droits à la liberté d'opinion, d'expression et de réunion pacifique ». « Nous sommes de plus en plus préoccupés par la situation en Algérie où les droits à la liberté d'opinion et d'expression, de réunion pacifique et de participation aux marches continuent d'être menacés » a dénoncé le porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville, au cours d'un point de presse à Genève. Depuis la reprise des manifestations dans les rues le 13 février dernier, après un an de manifestations organisées en ligne par le mouvement Hirak en raison de la pandémie de COVID-19, "nous avons reçu des rapports faisant état de l'usage inutile et disproportionné de la force contre des manifestants pacifiques, ainsi que des arrestations continues", a-t-il poursuivi. « Actuellement, environ 70 personnes seraient toujours détenues pour avoir exercé leurs droits humains légitimes. Certains d'entre eux purgent de longues peines tandis que d'autres sont en détention provisoire. De nouvelles allégations de violence physique et sexuelle en détention ont également fait surface ces derniers jours », a-t-il énuméré. "Au cours des deux derniers mois, des militants, des défenseurs des droits humains, des étudiants, des journalistes, des blogueurs et de simples citoyens exprimant pacifiquement leur désaccord ont continué à faire l'objet de poursuites pénales. Les militants du Hirak continuent d'être poursuivis sur la base de lois trop larges, même après l'annonce d'une grâce présidentielle en février de cette année", a affirmé Colville. "Nous demandons instamment aux autorités algériennes de cesser de recourir à la violence pour disperser les manifestations pacifiques et de mettre fin aux arrestations arbitraires et détention de personnes ayant exercé leurs droits à la liberté d'opinion, d'expression et de réunion pacifique", a-t-il dit. Il a dénoncé dans ce sens les restrictions et les actes d'intimidation contre les manifestants. "A quatre reprises en avril et mai, des marches d'étudiants ont été empêchées : les autorités ont continué à bloquer l'accès aux points de rassemblement des manifestations ; des centaines de manifestants ou toute personne que les forces de l'ordre ont supposée être un manifestant ont été arbitrairement arrêtés, a-t-il dit. « Certains manifestants auraient été détenus puis relâchés après avoir été contraints de signer un document promettant de ne plus participer aux manifestations », a-t-il expliqué. Le HCDH a appelé les autorités algériennes à "cesser toute forme de harcèlement et d'intimidation" à l'encontre des personnes participant au mouvement Hirak. Il a réclamé, en outre, « des enquêtes rapides, impartiales et efficaces sur toutes les allégations de violations des droits humains (…) et qu'elles veillent à ce que les victimes obtiennent des réparations". Il a appelé également les autorités algériennes « à revoir le Code pénal et d'autres lois répressives, notamment la loi 12-06 sur les associations et la loi 91-19 sur les réunions publiques et les manifestations, pour les mettre en conformité avec le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine sur les droits de l'homme et des peuples, tous deux ratifiés par l'Algérie ».