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Désormais, il faut être riche et qualifié pour immigrer au Royaume Uni
Publié dans PanoraPost le 28 - 02 - 2020

Dévoilé la semaine dernière par le gouvernement britannique, le nouveau système d'immigration post Brexit, a commencé déjà à susciter les craintes des partis de l'opposition mais aussi des syndicats et de certains professionnels, qui y voient un danger pour des secteurs vitaux comme la santé ou l'industrie alimentaire.
Alors que le gouvernement évoque un système d'immigration qui prendra « le plein contrôle » des frontières britanniques « pour la première fois depuis des décennies » et éliminera la « distorsion » causée par la liberté de circulation de l'Union européenne (UE), le Parti travailliste, les libéraux-démocrates ainsi que le très influent syndicat patronal « Unison » dénoncent « un désastre absolu » pour les secteurs de la santé et l'industrie.
En effet ce nouveau système d'immigration à « points », envisage de mettre fin à l'ère de la main-d'œuvre « bon marché » dans les entreprises britanniques et de privilégier les hautes compétences au détriment des travailleurs non qualifiés.
Selon un document du gouvernement détaillant les nouvelles mesures d'immigration post-Brexit, ce système exige que chaque travailleur étranger devrait accumuler 70 points pour pouvoir demander un visa britannique. Par ailleurs, 20 points iront aux candidats à la migration qui gagnent au moins £25.600 par an, (soit 30.820 euros) et aucun point à ceux qui obtiendront le minimum requis de £20,480.
En revanche, ceux qui feront preuve de « compétences appropriées » bénéficieront de 20 points, au même titre que ceux qui parlent l'anglais à un « niveau requis ». Le nouveau système place, en outre, les citoyens non européens et européens sur le même pied d'égalité.
Ce nouveau système qui devrait entrer en vigueur à partir de l'an prochain, soit juste après la fin de la période de transition qui s'achèvera à la fin de 2020, limitera par ailleurs l'entrée des travailleurs indépendants qui arrivent au Royaume Uni pour chercher de l'emploi, notamment ceux issues des pays de l'Europe de l'est comme la Pologne ou la Roumanie, qui sont souvent actifs dans des domaines de la construction ou de la plomberie.
Aussi, les cartes d'identité de pays comme la France et l'Italie ne seront plus acceptés par la police des contrôle des frontières dans le but d'empêcher toute tentative de falsification par les travailleurs non européens, qui contreviennent au système avec des cartes d'identité volées ou falsifiées.
Le seuil de compétences pour les ressortissants étrangers souhaitant travailler au Royaume-Uni sera abaissé au grade A ou équivalent et seul un petit nombre de travailleurs hautement qualifiés seront autorisés à entrer au pays sans emploi.
Mais le droit des artistes, des sportifs et des musiciens de participer aux spectacles, compétitions et auditions sera conservé.
Concernant les visas étudiants, ils seront aussi basés sur un système de points et seront ouverts aux "talents du monde entier", à condition d'avoir reçu une proposition d'un établissement britannique, de parler anglais et de pouvoir subvenir à ses besoins.
Toutefois les mesures précitées ne concernent que ceux qui demanderont un visa long séjour au Royaume Uni après le Brexit. Les quelque 3,2 millions de ressortissants européens qui ont demandé d'y rester avant y seront épargnés.
Par ailleurs, « la plus ou moins » bonne nouvelle pour les citoyens de l'UE et d'autres pays ayant des accords avec le Royaume-Uni, c'est qu'ils n'auront pas besoin de visas pour un séjour de moins de six mois.
Ces mesures, qui concrétisent l'une des principales promesses du Premier ministre Boris Johnson lors de sa campagne électorale ont été hautement louées par le gouvernement qui se vante d'avoir honoré la volonté de l'électorat ayant voté à 52% en faveur d'une sortie de l'UE en juin 2016.
Ces réformes ont été qualifiées de « fermes et justes » par la ministre britannique de l'Intérieur, Priti Patel, estimant qu'elles faciliteraient l'obtention de visas pour les travailleurs hautement qualifiés.
« Notre économie ne doit plus dépendre d'une main-d'oeuvre bon marché en provenance d'Europe, mais se concentrer plutôt sur l'investissement dans la technologie et l'automatisation », a-t-elle déclaré.
Mais la nouvelle politique d'immigration a fait face à des critiques immédiats non seulement de la part des syndicats et des professionnels qui craignent une « pénurie » de mains d'oeuvre dans des secteurs vitaux, comme la santé ou l'industrie alimentaire, mais aussi des employeurs, qui dénoncent particulièrement l'inclusion des serveurs et des travailleurs élémentaires des secteurs comme l'agriculture ou la pêche maritime dans la liste des travailleurs non qualifiés.


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