La tournée nationale du RNI, à travers les congrès régionaux, tire à sa fin, presque toutes les régions ayant été visitées. Le président du parti Aziz Akhannouch avait appelé lors du congrès de mai 2017, depuis el Jadida, à mettre en place une stratégie nationale pour les secteurs sociaux. Durant ses congrès, le parti a recueilli les avis, recommandations et suggestions de ses congressistes régionaux. A Oujda, le 20 janvier, un début d'esquisse du programme pour les prochaines années a été présenté. L'idée générale de se concentrer sur les problématiques de l'emploi, de la santé et de l'éducation avait donc été lancée ce 20 mai à el Jadida, et l'ensemble des intervenants, charismatiques ou non, lisant le texte ou pas, ont rappelé l'urgence qu'il y avait à trouver des solutions participatives à ces domaines de la vie sociale du pays. Aziz Akhannouch avait alors promis des chantiers régionaux, pour faire remonter les préoccupations des membres du parti, et il s'était engagé à adopter une démarche participative. Une dizaine de congrès régionaux et deux universités saisonnières plus tard, l'esquisse d'un programme commence à se faire jour. Ainsi, à Oujda, le Bureau politique du RNI, emmené par son président, est revenu sur les trois problématiques emploi, santé et éducation. L'emploi Aziz Akhannouch a expliqué que la notion d'emploi ne doit pas être limitée à une simple« sortie de la case chômage », mais à l'importance d'offrir aux jeunes un emploi convenable à même de leur assurer une vie digne. Autrement dit, un emploi stable, convenablement rémunéré, et valorisant. C'est le secteur des services qui est à même, aujourd'hui, de procurer le plus d'emplois aux jeunes, mais cela nécessite une formation pointue, et adaptée aux besoins de l'employeur. On retrouve transversalement la question de l'éducation. Mais il existe d'autres secteurs porteurs d'opportunités d'emploi, comme le textile, l'agroalimentaire, l'offshoring, l'aéronautique, les transports et l'économie verte. Le RNI travaillera donc à ce que les Régions multiplient les zones industrielles pour favoriser l'investissement, générateur d'emplois. L'éducation Le parti précise avec insistance que la place des enfants de moins de 15 ans est soit à l'école, soit en formation professionnelle ou dans des systèmes d'éducation non conventionnelle. Il appelle dans ce sens à généraliser l'expérience des écoles communales dans l'ensemble du monde rural. Mais pour qu'une école soit aboutie, il faut qu'il y ait moins, puis plus, d'abandon scolaire. D'où la nécessité de mettre en place des établissements accueillants. Et cela passe par le transport scolaire, par l'hygiène, la qualité des enseignants et l'alimentation. Et le RNI de sortir une idée originale qui consiste à impliquer les mères de familles dans la gestion des centres d'accueil et de restauration des jeunes élèves. La santé Aziz Akhannouch préconise de revoir l'ensemble du circuit de santé, et fait le constat de toutes ces personnes, en milieu rural, qui parcourent de longues distances pour des pathologies somme toute bénignes. Il faudra donc, explique le RNI, créer autant de centres de santé de proximité qu'il en faut. Mais l'idée originale est celle du « médecin de famille », cette institution qui a fait tant de bien au secteur dans les pays occidentaux. Cela nécessiterait l'existence de médecins, publics et privés, dans les régions reculées. Pour ces praticiens, il faut du matériel adéquat et des conditions de travail satisfaisantes, et le parti d'Akhannouch préconise que les corps élus dispensent aux médecins des lieux de résidence confortables pour les encourager à sauter le pas et aller en régions. Il faudra enfin revoir la carte sanitaire du royaume afin de renforcer en équipements et centres les régions qui en ont le plus besoin. Ambitions du parti On prête au RNI l'ambition de reprendre les postes vacants de la Santé et de l'Education, à la grande fureur de Nabil Benabdallah qui ne décolère pas, et qui insiste pour que son (petit) parti garde les portefeuilles qui étaient les siens. Mais on relèvera que ces deux départements sont en général les malaimés des fonctions gouvernementales car, avec l'emploi, ils sont porteurs de problèmes et conduisent très souvent à la chute du parti qui les gère dans les intentions de vote, puis dans les votes. Le RNI a déjà eu la gérance de la santé, mais cela remonte aux temps lointains des gouvernements des années 80 et 90. Quant à l'éducation nationale, avec l'ensemble du pôle, le RNI n'en a jamais été en charge. Confier ces deux portefeuilles au RNI constituerait un véritable casse-tête pour le chef du gouvernement Elotmani, qui devra veiller pour son remaniement qui n'en finit pas de maintenir ses équilibres, et de choyer le PPS, pour éviter les problèmes internes au sein de son parti, le PJD. Mais que vaut désormais le PPS, laminé par la purge gouvernementale et affaibli par les ambitions de Nabil Benabdallah de rester secrétaire général, envers et contre tout, raison comprise ?…