Le 24 octobre, le roi Mohammed VI limogeait 3 ministres et un secrétaire d'Etat, pour manquement à leurs devoirs, en gros. Il avait immédiatement chargé le chef du gouvernement Saadeddine Elotmani de leur trouver des remplaçants, et depuis, rien de nouveau sous le soleil de Rabat. Plusieurs scénarios se dessinent. La nomination d'un ministre délégué aux affaires africaines ne devrait pas poser de problèmes de partis car le poste, relevant du domaine réservé du chef de l'Etat, son titulaire devrait être un technocrate. Il en va différemment pour les postes à pourvoir. Il s'agit des ministères de la Santé, de celui qui gère l'urbanisme, le logement et la politique de la ville, de celui qui dirige le pôle de l'éducation et de l'enseignement supérieur, en plus du secrétariat d'Etat à la Formation professionnelle. Pour les deux premiers départements, c'est le PPS qui est concerné, et pour les deux autres, c'est le MP. Théoriquement, les ministres révoqués seraient remplacés par des cadres de leur parti, mais plusieurs questions se posent. 1/ Le chef du gouvernement restera-t-il lié par les engagements lors de la formation du gouvernement ? En effet, il est possible de procéder à un remaniement plus large que celui envisagé, en confiant les postes vacants à d'autres partis de la majorité et en versant dans une posture de chaises musicales, avec des partis qui prendraient des ministères confiés à d'autres qu'eux. 2/ La majorité changera-t-elle ? On évoque souvent l'entrée de l'Istiqlal au sein du gouvernement, peut-être même en remplacement du PPS, mais rien n'est sûr…d'autant que le parti de l'Istiqlal n'a pas encore réuni son Conseil national pour décider de la position à prendre à l'égard de la majorité gouvernementale. 3/ Le PJD est-il concerné par ce remaniement ou non ? Le Congrès du parti est passé, et les choses s'y sont stabilisées aujourd'hui. Aziz Rabbah et Abdelkader Amara, épargnés par les révocations, sont quand même concernés. Seraient-ils rattrapés par le rapport de la Cour des Comptes ou non ? Interrogés sur ces questions, plusieurs ministres ont répondu, mais dans la plus pure langue de bois, de type « Nous garderons la configuration actuelle de la majorité », mais sans précisions sur sa future nature. L'Istiqlal ? Certains disent que non, il n'entrera pas, mais un autre n'exclut pas cette éventualité. Le PJD ? Les ministres PJD questionnés répondent avec le sourire, un sourire entendu, que de nouveaux cadres du PJD pourraient faire leur entrée au gouvernement, mais pas en remplacement d'autres, ce qui signifie en creux l'augmentation de l'effectif de l'Exécutif. Cela étant, le chef du gouvernement a indiqué que les consultations se poursuivent toujours, alors que le PPS a déjà affirmé avoir transmis sa liste de "ministrables" à Saadeddine Elotmani. Toujours est-il qu'aujourd'hui, les observateurs commencent déjà à parler de blocage, mais le terme est impropre car le gouvernement n'est pas bloqué. Il patine seulement…