Le congrès de l'Istiqlal s'est achevé mais pas vraiment… le clou du « spectacle », à savoir l'élection du nouveau secrétaire général et des 26 membres du Comité exécutif, a été reporté à samedi prochain 7 octobre… pour « corriger des erreurs matérielles et remédier aux pertes des cartes de certains militants lors de la bousculade de ce matin », indique Adil Benhamza, porte-parole sortant du parti. Mais voici ce qu'il s'est réellement passé. Les choses avaient mal commencé dès le matin, jour de vote et de tension extrême entre Chabat qui se sait poussé vers la sortie et dont les partisans s'énervent, et Nizar Baraka, qui se sait presque gagnant et dont les partisans (en fait ceux de son allié du moment Hamdi Ould Rachid) veulent verrouiller la victoire. Faute n°1 : Vers la mi-journée, on a commencé à distribuer les cartes d'électeur, pour le vote électronique. Mais les Istiqlaliens, méfiants les uns des autres, ont confié la tâche de confection de ces cartes à une société privée, qui s'est révélée défaillante et approximative, se trompant dans les noms et les photos des membres du Conseil national, élus dans les congrès régionaux. Faute n°2 : Vers 13 heures, Rahhal Mekkaoui, membre du Comité exécutif sortant et grand allié de Hamid Chabat, s'empare de plusieurs dizaines de cartes pour les distribuer à leurs titulaires, ce que voyant… Faute n°3, les partisans de Hamdi Ould Rachid –soutien de Nizar Baraka – qui veillent au grain, font de même et prennent des cartes pour les remettre à qui de droit. Et voilà que sur ces entrefaites, Hamid Chabat fait son entrée dans la grande salle, flanqué de ses fils. L'un d'eux voit ce qui se produit, puis se met à prendre les cartes, nationales, de plusieurs personnes, pour leur donner leurs cartes, d'électeurs. Dans le lot, certains partisans de Baraka, qui se mettent à hurler, demandant qu'on leur rende leurs cartes d'identité, et ponctuant leurs cris de « dégage ». Donc les responsables de ce fiasco sont trois : La société privée, les partisans de Hamid Chabat et les partisans de Hamdi Ould Rachid. C'est l'aubaine pour Chabat qui saisit l'occasion pour invoquer un article du Règlement intérieur, lequel prévoit le report de toute élection dès lors que des problèmes logistiques surviennent. Et des problèmes logistiques, il y en a eu effectivement, en plus d'une défiance généralisée. Résultat : les congressistes vont repartir à leurs villes et régions respectives, de même que les membres du Conseil national, au nombre d'un millier. Mais ces derniers vont revenir à Rabat samedi prochain pour l'élection du secrétaire général et du Comité exécutif. Gageons qu'il y en aura qui seront « entreposés » dans des fermes, des hôtels, des maisons… enfin des lieux où leurs chefs de file (Hamid Chabat et Hamdi Ould Rachid) les tiendront à l'œil. A l'Istiqlal, on change tellement d'orientation… Une idée avait quand même fini par faire son chemin, en l'occurrence élire le secrétaire général du parti ce dimanche et laisser venir l'élection des membres du Comité exécutif, plus tard. Cette solution aurait eu le mérite de laisser retomber la tension, puis de permettre à l'élection des 26 de se faire dans un climat consensuel, une sorte de synthèse comme aurait dit François Hollande. Mais l'Istiqlal n'est pas le parti socialiste français, ou ce qu'il en reste, et Hamid Chabat est loin, très loin, d'être François Hollande. Aziz Boucetta Voici les photos prises ce dimanche par notre confrère Mowatine.com, montrant les scènes de brutalité qui ont marqué la matinée au Complexe Moulay Abdallah où se tient le congrès de l'Istiqlal