Pour sa courte visite « personnelle » au Maroc, le président Emmanuel Macron a eu un agenda plutôt chargé. Comme il l'a dit lui-même dans sa conférence de presse, ses discussions avec le roi Mohammed ont été bien plus longues que prévu. Les deux hommes devaient se retrouver pur le ftour et reprendre leurs discussions, « dans un cadre familial et personnel ». Dans son allocution, le chef de l'Etat français a parlé des relations privilégiées entre le Maroc et la France, « amis et alliés stratégiques » et aussi de leur volonté de « poursuivre leurs intérêts conjoints, ici au Maroc mais aussi dans la région et en Afrique ». Macron parlera souvent d'ailleurs de l'Afrique et du nouveau positionnement du Maroc, depuis son adhésion à l'Union africaine et son entrée prochaine au sein de la Cédéao. Là, les intérêts français sont fortement engagés dans une région dont les pays ont presque tous été colonies françaises ; une partie de l'économie française s'y joue et le franc CFA est toujours la monnaie de ces 15 pays. L'arrivée du Maroc dans cette zone où les intérêts français sont tellement importants justifie la visite de Macron au Maroc et les longues discussions, qui devront déterminer la politique commune à tenir dans les 5 prochaines années. D'ailleurs, l'expression de « politique commune » a été employée par le président français qui sait que son pays ne peut plus faire grand-chose, sur le plan économique surtout, sans l'aide de pays du continent, dont le Maroc. C'est pour cela qu'il a parlé de « politique commune à conduire, (pour) bâtir une relation équilibrée en Afrique, s'appuyant sur les sociétés civiles ». En résumé, la convergence d'intérêts entre Français et Marocains s'effectue sur la base de la lutte antiterroriste, en France et en Afrique, sur le plan économique sur le continent africain (et au Maroc à travers les nombreux et importants investissements français sur nos terres), et aussi sur le plan culturel. Sur ce volet, le président Macron semble plus concerné que ses prédécesseurs, montrant une certaine conscience du recul du français et de sa culture dans le monde : « Le Maroc est un pays important dans la francophonie et notre politique culturelle, éducative et linguistique à cet égard doit être revisitée en Afrique ». Et puis arrive la question très attendue sur al Hoceima, qui permettrait d'y voir plus clair. Emmanuel Macron a été questionné sur le sujet par un journaliste de France Inter, qui craint « la déstabilisation d'une région au bord de l'Europe ». Réponse de Macron : « Nous avons évoqués ces sujets dès le début de la visite, parce que je les ai abordés de manière très directe et très naturelle. Il ne m'appartient pas ici d'apporter un jugement sur un sujet de politique intérieure, mais j'ai senti d'une part que le roi considérait qu'il est légitime, normal qu'il y ait des manifestations, qui sont d'ailleurs prévues dans la constitution contrairement à plusieurs autres pays… et d'autre part, son souhait est d'apaiser la situation en répondant aux prémisses de ces mouvements et en apportant une considération à cette région un réponse concrète en termes de politiques publiques » Et la question comportait un volet sur la répression des émeutes du Rif. Réponse : « La discussion que nous avons eue ne me donne pas lieu de craindre une volonté de répression mais une réponse dans la durée et sur les causes profondes de ce qui est advenu dans cette région qui lui est chère et où il passe du temps ».