Emmanuel Macron a souligné mercredi 14 juin 2017, lors d'une visite d' « amitié et de travail » au Maroc, la volonté commune de Paris et de Rabat d'œuvrer en faveur de la stabilisation de la Libye, livrée au chaos et aux groupes terroristes, et d'un rétablissement du dialogue entre le Qatar et l'Arabie saoudite et ses alliés. Lors de son premier déplacement en Afrique du Nord depuis son investiture, le 14 mai 2017, le chef de l'Etat français s'est entretenu avec le Roi Mohammed VI lors d'une audience Royale qui a été en grande partie consacrée à la relation bilatérale et aux crises régionales. Les deux dirigeants devaient se retrouver ensuite pour partager le repas de rupture du jeûne de ramadan, en présence de Brigitte Macron et de la famille royale. Trois ans après la brouille diplomatique entre les deux pays, qui avait conduit Rabat à suspendre sa coopération sécuritaire et judiciaire, la visite d'Emmanuel Macron était l'occasion de conforter le réchauffement des relations avec son allié stratégique dans la lutte contre le terrorisme. « Le Maroc est un pays ami et un partenaire stratégique pour la France », a souligné le président français lors d'une conférence de presse à l'issue de sa rencontre avec le Souverain, se disant « touché par la marque d'amitié » et l'accueil « chaleureux » reçu à son arrivée. Les relations entre les deux pays sont fondées sur une « vision commune et une volonté de poursuivre nos intérêts conjoints, non seulement au Maroc mais également dans la région et plus largement en Afrique », a-t-il ajouté. Emmanuel Macron a notamment réaffirmé la volonté de la France, partagée par Rabat, de multiplier les partenariats communs en Afrique, où le Maroc mène depuis plusieurs années « une diplomatie active ». « C'est une chance réciproque », a estimé le chef de l'Etat, qui a appelé à « travailler ensemble davantage ». Les crises régionales et internationales ont, comme prévu, été abordées par les deux dirigeants qui ont fait état d'une vision commune sur la question de la Libye et des tensions diplomatiques dans le Golfe. « Je crois que la volonté commune est de trouver les voies et moyens d'une stabilisation de (la Libye) qui est une préoccupation en terme de sécurité de la région et en terme de route migratoire », a indiqué Emmanuel Macron. « Sur la situation de tension qui existe aujourd'hui dans le Golfe, nous avons réaffirmé là aussi une vision largement partagée qui consiste à privilégier d'une part la stabilisation de la région et d'autre part la lutte contre le terrorisme et toutes les formes de financement du terrorisme », a-t-il ajouté. Le chef de l'Etat français a notamment annoncé que, sur ce dossier, il s'entretiendrait à nouveau dans les prochains jours avec les dirigeants d'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et avec l'émir du Qatar entre autres. « C'est dans ces discussions, en clarifiant les positions, que nous arriverons à plus de stabilité, c'est en tout cas mon souhait et le souhait du Roi du Maroc », a-t-il indiqué. « Nous n'avons aucun intérêt à ce qu'il y ait une tension entre les Etats qui se sont exprimés dans le cadre de ce conflit, d'abord parce qu'il faut que le Golfe demeure calme et stable, ensuite parce que l'ensemble de ces Etats sont parties prenantes des crises de la Syrie comme de la Libye », a-t-il dit. Emmanuel Macron, dont aucune rencontre avec la société civile était prévue au cours de cette visite, a fait savoir qu'il avait évoqué les manifestations qui se sont multipliées depuis octobre 2016 dans la région du Rif, contre la corruption notamment. « Il ne m'appartient pas ici de tenir un jugement sur un sujet de politique intérieur », a-t-il dit, en réponse à une question d'un journaliste. « Néanmoins j'ai senti que le Roi considérait qu'il était légitime qu'il y ait des manifestations (…) et que son souhait était d'apaiser la situation en répondant aux prémices de ces mouvements ». « La discussion que nous avons eue ne me donne pas lieu de craindre une volonté de répression mais plutôt d'une réponse dans la durée et sur les causes profondes de ce qu'il est advenu », a-t-il ajouté.