… C'est un Benkirane grave, qui a laissé son fameux sourire et son célèbre éclat de rire, à la maison. Il était ce samedi 25 mars au siège de son parti, devant la soixantaine de membres de la commission de désignation des ministres PJD d'El Otmani.il a prononcé une allocution pour expliquer les derniers événements et en donner sa version, depuis sa révocation. C'est sa première véritable prise de parole, grave et solennelle, et, a-t-il dit, « je ne vais raconter de blagues et pour une fois, je vais essayer d'être sérieux ». La situation actuelle du PJD. Après être rapidement revenu sur les 25 dernières années de son parti et les différentes et nombreuses élections qui ont émaillé ce parcours, avec leurs cortèges de joies, de succès et d'échecs et revers, le chef du gouvernement de gestion des affaires courantes et secrétaire général du PJD a rappelé que la responsabilité de la situation actuelle est collective. Pour Benkirane ce qui se produit aujourd'hui au PJD est un processus qui a commencé tôt, très tôt, depuis les élections de 2015, quand « les adversaires, car nous en avons, avaient pensé qu'après 5 ans de gestion, nous allions trébucher aux élections, mais c'est l'inverse qui est arrivé ». Depuis la nomination de Benkirane comme chef du gouvernement désigné. Le chef du PJD rappelle que cette étape a été gérée et conduite selon « notre méthodologie, collective, dans le discours et la sincérité, sans que vous ne deviez penser que je vous ai tout dit, et qu'aujourd'hui même, je vous dise tout, sachant qu'il existe des choses que j'emmènerai avec moi dans la tombe. Mais vous m'avez soutenu jusqu'à la fin, dans ma conception que vous avez partagé avec moi ». A noter cette phrase : « Ssi Akhannouch est venu et je voulais alors rendre les clés au roi, mais vous m'avez demandé de patienter… et je l'ai fait, jusqu'à ce 15 mars ». Cela signifie que Benkirane a conduit durant 4 mois environ des négociations auxquelles il ne croyait pas, avec un Akhannouch qu'il n'apprécie pas ! Tout ce temps perdu pour le Maroc, parce que 20 membres de la direction du PJD l'ont voulu…… Le communiqué royal du 15 mars. « La substance de ce communiqué est la révocation d'Abdelilah Benkirane ». C'est dit, et bien résumé. « Les gens ne savent pas comment le PJD réagit aux décisions royales. Il est le roi, bien sûr, mais pas seulement… ». Et Benkirane d'expliquer ce qu'est la royauté au Maroc : des siècles de monarchie, et des siècles de cette dynastie, en plus des coutumes, de la tradition et du très grand respect qui est dû au souverain qui, dans cette affaire, est resté dans le cadre de la constitution, en choisissant El Otmani. « Nous avions le choix de nous excuser auprès du roi, ou de nous comporter positivement. J'ai parlé et chacun de vous a parlé et nous avons décidé de bien prendre les choses. Et moi, j'ai eu une inspiration qui a voulu que je ne prenne pas mon parti pour entrer en confrontation avec le roi. Nous avons l'indépendance de notre prise de décision, et les communiqués du roi, nous ne les recevons ni avec irritation ni avec prostration. Elles sont une donnée, et nous sommes dans le cadre d'un Etat, c'est sérieux ». Et Benkirane d'affirmer sa surprise face à la décision, unanime, du Conseil national, d'accepter le contenu du communiqué du roi. Les suites du communiqué. « Au secrétariat général, malgré la réserve d'un ou deux membres, et pas moi, nous avons décidé d'ouvrir les négociations avec l'ensemble des formations politiques ». Et Benkirane d'expliquer ce qu'il a dit, nerveusement, aux médias, ce 23 mars, à l'issue du secrétariat général : « Je ne suis plus concerné ni représentatif des décisions prises au secrétariat général. C'est le Dr Et Otmani qui l'est mais je ne me défilerai pas du fait de donner mon avis. Je le ferai, puis me rangerai à l'avis de tous ». Puis Benkirane explique qu'il restera secrétaire général jusqu'au prochain congrès mais que pour diverses raisons (dont certaines psychologiques), il ne siègera pas dans cette commission de désignation des candidats jusqu'à la fin. Un discours, donc, en forme de pré-testament politique (en cas de deux ex machina qui le ramènerait aux affaires), où Benkirane se retire sur la pointe des pieds, tout en gardant un œil sur son parti, lui qui a commencé sa prise de parole par un résigné « la vie n'est pas un long fleuve tranquille » (en français dans le texte). Un discours plus pesé et mieux mesuré que les habituelles sorties du personnage, malgré l'émotion d'Amina Mae El Ainine, promptement recadrée par son chef.