Elle est médecin, mais aussi (et surtout ?) chercheuse en pensée islamique, notamment sur le rôle et la place des femmes dans le monde musulman. Mardi matin 10 novembre, elle intervenait lors d'une conférence organisée à Rabat par la Rabita mohammedia des Oulémas autour du thème « le leadership religieux des femmes en islam entre texte et réalité ». Mme Lamrabet en a profité pour resituer la place des femmes dans la religion. La directrice du Centre d'études et de recherches féminines en islam a expliqué que l'on ne pouvait plus, à la lumière des événements qui secouent le monde musulman, persister à ignorer la question féminine dans l'islam. Pour elle, la posture communément admise aujourd'hui par les différents penseurs consiste à se réfugier derrière notre passé et notre inconscient collectif pour taire les réelles problématiques posées quant au rôle de la femme dans la religion. Pourquoi l'étude de la pensée islamique et l'exégèse est-elle encore et toujours monopolisée par les femmes ? s'est interrogée l'intellectuelle, qui a pointé du doigt l'absence féminine au sein des institutions des oulémas. Et même quand elle y est présente, elle y est marginalisée par leurs congénères masculins. Asma Lamrabet, qui a écrit plusieurs ouvrages sur la question, notamment sur « Aïcha, épouse du prophète ou l'islam au féminin », argumente que cela va à l'encontre du message du Prophète qui exhortait ses compagnons à « prendre la moitié de leur religion chez les femmes ». Elle ajoute que les textes coraniques, qui encouragent à la science et à la connaissance, n'ont jamais exclu les femmes et que la recherche et la pensée sont tout aussi bien le fait des hommes que des femmes. Elle affirme enfin que si, dans l'histoire de l'islam, les femmes ont été très prolifiques, elles n'en ont pas moins été marginalisées, leurs écrits n'étant pas aussi répandus et diffusés que ceux des penseurs masculins.