Les partis, et surtout leurs dirigeants, en salivent… tout le monde veut la présidence de la Chambre des conseillers pour lui. Il est vrai que le président de cette Chambre est le 4ème personnage de l'Etat dans l'ordre protocolaire. Et puisque la majorité de la Chambre revient à l'opposition, ce sont deux partis de ladite opposition qui visent ce « perchoir » avec quelque espoir de l'emporter, l'Istiqlal et le PAM. Ils ont chacun deux candidats pour la fonction et les organes dirigeants des deux partis se prononceront aujourd'hui sur le nom de celui qui sera leur champion. Istiqlal et PAM se font face... Le PAM a deux candidats pour la fonction, Hakim Benchammass et le sortant Mohamed Cheikh Biadillah. C'est le bureau politique du parti qui tranchera en définitive sur l'heureux élu (ou à élire). Chacun des deux protagonistes fera valoir ses atouts, Benchammass étant plus pugnace et plus charismatique, en plus d'être originaire du Rif, la région du numéro 2 – en fait numéro 1 – du PAM, Ilyas el Omari. Mohamed Cheikh Biadillah, lui, est ancien président de la Chambre des conseillers, ancien ministre, ancien wali et, cela ne gâche rien, ancien secrétaire général du PAM. Mais, médecin de profession et sahraoui d'origine, il est plutôt taiseux, un « défaut » qu'il masque derrière un caractère plus que malicieux… L'Istiqlal, lui, met en avant deux profils. Mohamed Ansari et Abdessamad Qayyouh. Le premier est un vieux routier du parti, avocat et ancien président du groupe istiqlalien à la Chambre des conseillers. Il est un des fidèles soutiens de Hamid Chabat qui porte sa candidature. Abdessamad Qayyouh est l'ancien ministre de l'Artisanat, un département où il coulait des jours heureux avant la calamiteuse décision de Chabat de faire sortir l'Istiqlal du gouvernement Benkirane. Qayyouh ne s'en est jamais remis. Son grand défaut est ne pas avoir beaucoup de diplômes universitaires… voire pas du tout. ... et le PJD en embuscade Abdelilah Benkirane, lui, et bien que son parti n'ait aucune chance de remporter la présidence, se tient en embuscade. On lui prête l'intention de donner instruction à ses 12 conseillers de soutenir la candidature de l'Istiqlal, quel que soit le candidat de ce parti à la présidence de la Chambre. L'objectif est clair, de faire voler en éclats le front de l'opposition constitué par l'Istiqlal et le PAM. Hamid Chabat, on s'en souvient, avait annoncé à la veille de la formation des bureaux régionaux, qu'il se retirait de l'opposition pour aller vers le gouvernement, dans une posture de soutien critique. Il est donc bien possible que Benkirane en fin politicien qu'il est, soutienne en retour l'Istiqlal pour la présidence, faisant ainsi d'une pierre deux coups : priver le PAM de cette prestigieuse (à défaut d'être vraiment utile) fonction et s'assurer la reconnaissance du futur président Istiqlal… Le secrétaire général de l'Istiqlal a d'ores et déjà annoncé voire claironné que puisque son parti est arrivé premier en termes d'élus à la deuxième Chambre et que la logique démocratique est ce qu'elle est, c'est à l'Istiqlal d'occuper la présidence. Les jours qui viennent montreront bien des choses et risquent d'inverser les tendances opposition/majorité dans la perspective des élections législatives de 2016...