La Cour pénale internationale (CPI) a appelé les autorités sud-africaines à arrêter le président soudanais Omar al-Béchir qui participe dimanche 14 et lundi 15 juin à un sommet de l'Union africaine à Johannesburg. La CPI œuvre à faire appliquer les deux mandats qui avaient été lancés par elle contre le président soudanais en 2009 pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité et en 2010 pour génocide, les deux en relation avec le Darfour où 300.000 personnes sont mortes. Et, de fait, un tribunal a donné suite à cet appel… "Le président soudanais Omar el-Béchir ne pourra pas quitter la République d'Afrique du Sud jusqu'à ce que le jugement définitif soit rendu dans cette affaire, et les autorités sont priées de prendre toutes les mesures nécessaires pour l'en empêcher", a annoncé un juge de Pretoria, renvoyant l'audience à lundi. Mais il semble difficile de procéder à l'arrestation d'Omar al-Béchir et de le remettre à la CPI, car les présidents en exercice disposent d'une immunité diplomatique spéciale, comme l'a attesté le chef de l'Etat zimbabwéen Simbarashe Mumbengegwi, dont le pays exerce la présidence tournante de l'UA, et qui a affirmé : "Dans le monde entier, les chefs d'Etat en exercice jouissent de l'immunité. L'Union africaine a donc dit qu'aucun tribunal du monde ne peut retirer cette immunité à un chef d'Etat en fonction". De plus, le Congrès national africain (ANC), parti du président Jacob Zuma, a accusé la CPI de s'acharner de façon sélective contre certains pays d'Afrique et d'Europe de l'Est, estimant qu' "elle ne répond plus aux objectifs qui avaient motivé sa création". Il apparaît donc peu probable que le président soudanais pisse effectivement être inquiété, sauf surprise de la part du juge de Pretoria, la justice sud-africaine étant traditionnellement indépendante du pouvoir politique.