Les appels à la réactivation de l'Union du Maghreb arabe se multiplient. Cette nouvelle dynamique a été initiée par l'appel de S.M. le Roi Mohammed VI du 6 novembre 2018 pour la création d'un « mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation » avec Alger. Serait-il les prémices d'une renaissance de l'UMA ? Tel un phénix, l'UMA renaîtra-t-elle de ses cendres ? La question est légitime. Les récentes annonces et appels à la réactivation de cette organisation régionale, qui s'est complue dans les bras de Morphée depuis plus de 24 ans, nourrissent un optimisme bien que prudent. Le déclencheur de cette dynamique de la relance de la construction maghrébine est, sans conteste, l'appel de S.M. le Roi Mohammed VI, du 6 novembre 2018, à l'occasion de la commémoration du 43e anniversaire de la Marche verte. Dans son discours à la nation, le Souverain a appelé à la création d'un « mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation » avec Alger. Un appel qui n'est pas passé inaperçu par l'ensemble de la communauté internationale, qui a salué l'initiative royale. Deux semaines plus tard, l'Algérie prend le devant de la scène. Le pays voisin, par la voix de son chef de diplomatie, sollicite le secrétaire général de l'UMA de convoquer une session du conseil exécutif de cette organisation régionale. Tourner la page, est-ce encore possible ? Le ministère des Affaires étrangères algérien insiste, dans un communiqué, que cette réunion urgente des ministres des Affaires étrangères des pays de l'Union du Maghreb arabe soit tenue « dans les délais les plus rapprochés » pour « relancer cette organisation maghrébine et réactiver ses instances tout en donnant une impulsion à l'action commune entre ces cinq pôles ». S'en est suivie, alors une évolution rapide de la situation. La Mauritanie réagit deux jours plus tard. Le pays voisin se propose d'accueillir la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'UMA « dans le plus bref délai ». « La République islamique de Mauritanie salue toutes les initiatives de nature à contribuer à la dynamisation des institutions du Maghreb arabe dans le but de satisfaire les attentes de ses fils, tout comme elle apporte son soutien à la convocation d'une session d'urgente des ministres des Affaires étrangères de l'UMA et souhaite l'accueillir dans le plus bref délai », souligne dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères mauritanien. Nouakchott a tenu aussi à réitérer « son attachement à l'Union du Maghreb arabe » et à sa volonté « d'oeuvrer au renforcement et à la consolidation des liens de fraternité, de complémentarité et d'intégration économique, dans un monde où les regroupements demeurent l'ultime voie de surmonter les défis ». De son côté, la Tunisie fait également une sortie médiatique. Son ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, annonce son souhait d'abriter « une réunion de consultation à huit clos » avec ses homologues maghrébins. Le chef de la diplomatie tunisienne s'exprimait lors d'un entretien accordé au média en ligne assabahnews.tn. Selon le diplomate tunisien, cette réunion vise à « tourner la vieille page des divergences entre les pays frères à savoir le Maroc et l'Algérie ». L'organisation de cette rencontre serait même en cours de discussion, selon les propos de Khemaies Jhinaoui, qui a confié au média tunisien que « la Tunisie poursuit ses efforts diplomatiques avec tous les pays maghrébins frères pour la réactivation de l'UMA ». Encore un nouveau rebondissement ! Le secrétaire général de l'UMA fait des révélations de taille. Le 7e sommet des Chefs d'Etats des pays du Maghreb pourrait se tenir au Maroc en 2019, selon les propos de Taïeb Baccouche, révélés lors d'une table ronde organisée par l'Union syndicale des travailleurs du Maghreb arabe, rapporte le média tunisien en lignec lapresse.tn. « Une correspondance a été déjà adressée aux ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Union du Maghreb arabe (UMA) pour les convier à une réunion restreinte à Tunis, en préparation du 7e sommet des chefs d'Etat de l'UMA, prévu au Maroc en 2019 », affirme Baccouche, lors de cette table ronde qui s'est tenue sous le slogan «Capables de construire un grand Maghreb arabe». Le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie auraient accepté cette invitation. Baccouche renchérit que « le ministre des Affaires étrangères marocain a affirmé la disposition de son pays à accueillir les travaux du 7e sommet de l'Union du Maghreb arabe à l'occasion du 30e anniversaire de sa création ». Pour rappel, l'Union du Maghreb arabe a été créée, le 17 février 1989, à Marrakech. Les chefs d'Etat de la Tunisie, de la Libye, de l'Algérie, de la Mauritanie et du Maroc signaient dans la ville ocre le traité constitutif de cette organisation régionale. Les ambitions étaient grandes : construire une vision politique et un espace économique commun. Cependant, le rêve ne se concrétisa pas. L'organisation devient une coquille vide. Le dernier sommet de l'UMA remonte à 1994, année de fermeture des frontières algéro-marocaines. Depuis, l'organisation régionale sombre dans un sommeil profond. Et pour cause, le différend entre le Maroc et l'Algérie sur le Sahara marocain. Ce léger frémissement qui s'est fait sentir, ces derniers mois, suscite de nouveau l'espoir. Les prochaines semaines connaîtront certainement de nouveaux développements.