Le Maroc a réitéré, mercredi à Genève, son attachement irréversible aux principes fondamentaux du droit international humanitaire (DIH), tout en dénonçant « la pratique de double standard » dans la gestion de certains conflits. Lors de la 32e conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, l'ambassadeur représentant permanent du Royaume auprès de l'ONU, Mohamed Aujjar, a souligné la disposition du Maroc à « œuvrer avec tous les acteurs humanitaires en matière de respect du DIH et pour mieux servir les populations affectées« . Le diplomate a affirmé, dans ce contexte, que le Royaume a mis en place une Commission nationale du DIH en tant qu'organe consultatif placé auprès du chef de gouvernement et chargé d'assister les pouvoirs publics sur toutes les questions liées au droit international humanitaire. La Commission, a-t-il ajouté, doit contribuer à la consécration des principes du droit humanitaire à travers des programmes de sensibilisation, d'éducation et de formation en la matière. L'ambassadeur a relevé, d'autre part, que l'état actuel du droit international humanitaire « ne laisse guère de place à l'optimisme« , notant que la pratique de double standard constaté dans la gestion de certains conflits renseigne sur les difficultés profondes qui compromettent la mise en œuvre effective du DIH. Cette mise en œuvre, a-t-il expliqué, se heurte le plus souvent à des obstacles de taille quant aux interprétations divergentes des dispositions du DIH par les parties aux conflits en fonction de leurs propres intérêts. A cet égard, M. Aujjar a affirmé qu'une approche préventive des conflits serait de nature à permettre aux Etats d'adopter des mesures en temps de paix qui leur permettent d'être mieux préparés à protéger et assister les populations victimes en temps de conflit. Il a fait observer que si les mécanismes de surveillance du respect du droit humanitaire existent, « un fossé immense se dresse entre la réalité tragique engendrée par les conflits armés d'une part, les dispositions du droit humanitaire international et les actions des pays signataires des conventions de Genève, d'autre part ». Cette capacité de surveillance demeure également amputée par le fait que l'arsenal juridique mis en place a été conçu pour les conflits armés internationaux, alors que la plupart des conflits qui ont surgi ces dernières années sont des conflits armés internes, a-t-il poursuivi. Ces conflits internes sont caractérisés par des atrocités sans précédent qui nécessitent des mécanismes de surveillance du DIH impartiales, indépendants, non politisés et mieux adaptés aux impératifs de protection des populations civiles, a lancé l'ambassadeur. La nature interne des conflits permet, également, d'attribuer aux Etats le pouvoir de mise en œuvre du droit international humanitaire, a-t-il dit, soulignant que ce pouvoir discrétionnaire ne devrait pas exclure la nécessité d'une coordination internationale plus étroite. Face à ce contstat, M. Aujjar a affirmé que le rôle de supervision de l'application du DIH par le CICR devrait être conditionné par l'impératif de neutralité, d'impartialité et de confidentialité qui constituent la raison d'être de la mission humanitaire du CICR en matière d'assistance aux victimes des conflits armés. Ouvrant mardi cette conférence internationale, la présidente suisse Simonneta Sommaruga a qualifié la crise migratoire en Europe de « situation épouvantable qui préoccupe tout le monde« . « Les solutions ne devront pas être nationales mais dans le cadre de la coopération internationale« , a-t-elle estimé devant les délégués de 196 Etats parties aux conventions de Genève. (MAP)