Fidèle à sa tradition et à sa vocation de terre d'ouverture, de tolérance et de coexistence, la ville d'Essaouira accueillera du 25 au 28 courant, la 15è édition de son Festival « Les Andalousies Atlantiques« , occasion singulière pour une centaine de musiciens et de chanteurs de revisiter le répertoire musical judéo-arabe si riche et si emblématique. Se donnant comme objectif de continuer à faire de la cité des alizés le seul endroit dans le Monde où juifs et musulmans continuent de se tenir par la main, vivre l'instant, combattre l'amnésie, et chanter et danser comme ils avaient l'habitude de le faire pendant des siècles du vivre en commun, le Festival « Les Andalousies Atlantiques d'Essaouira » sera agrémenté, cette année, par la programmation inédite de quelque 12 concerts musicaux riches en couleurs. Ce rendez-vous automnal, qui s'inspire de l'Andalousie, d'un lieu et d'une époque ayant marqué l'histoire de l'Humanité, offrira ainsi 3 jours de paix, d'amour et de musique mettant dans une même bulle des artistes de confessions juive et musulmane, le tout dans une ambiance conviviale, de fête et de fraternité. Pour cette nouvelle édition, l'équipe de l'Association Essaouira-Mogador a réussi le tour de force de rassembler au cœur de Mogador une affiche d'artistes qui fera l'envie des plus grands festivals. Le Festival des Andalousies Atlantiques a cette grande particularité de nous faire revisiter l'immense patrimoine musical et artistique écrit et tissé en commun, au fil des siècles, par des musiciens et poètes musulmans et juifs. Une vraie fête de la mémoire retrouvée qui prendra alternativement les accents de « Al Ala », « Chaâbi », « Gharnati », « Haouzi » et toutes les musiques andalouses qui ont su faire face aux aléas du temps. « Que restait-il donc à Essaouira pour, une fois encore, nous éblouir autour des répertoires mythiques du Matrouz, du Samaa, du Chgouri et de tous ces autres rendez-vous que les liturgies et les civilisations musulmane et juive ont su ensemble et pendant des siècles donner aux partitions les plus exaltantes de la musique andalouse ?« , s'interrogent les organisateurs. Et d'ajouter : « que restait-il pour que ce 15ème anniversaire du Festival des Andalousies Atlantiques d'Essaouira soit au diapason de toutes les autres éditions qui, depuis 2003, nous ont enchantés, transportés et souvent réconciliés avec ce patrimoine précieux que le Maroc, depuis la Cité des Alizés, a le talent de promouvoir et de partager bien au-delà de nos frontières ?« . Pour ce faire, l'Association Essaouira-Mogador a concocté, avec brio, un programme à couper le souffle pour que cette édition anniversaire s'inscrive non seulement dans la même veine que les précédentes mais, aille encore plus loin dans la créativité et l'émotion qui sont la marque de fabrique de ce festival à nul autre pareil. « Pari tenu, car la grande fête de la musique que nous prépare Essaouira va, entre autres, réussir l'exploit de donner rendez-vous sur la même scène à Raymonde El Bidaouia et à Hajja El Hamdaouia« , deux icônes de la scène marocaine qui n'ont jamais chanté ensemble. Il fallait Essaouira, forte de l'engagement à ses côtés du Maestro Ahmed Cherkani à la tête de son orchestre, pour oser ce rendez-vous indicible et improbable, riche de tellement de promesses puisées dans l'exceptionnelle richesse de notre diversité à nous Marocains, explique-t-on. → Lire aussi : Moga Festival revient à Essaouira les 12, 13 et 14 octobre 2018 Autre temps fort et inédit mais combien emblématique de la profondeur et de l'enracinement de ce patrimoine, les groupes « Hapiyout » et « Andalucious » qui réunissent une trentaine de chanteurs et de musiciens juifs, et qui seront eux aussi présents sur la même scène. « Hapiyout » pour nous faire retrouver et nous offrir les poèmes chantés du judaïsme mythique du Tafilalet, dans la lignée des œuvres du Grand Rabbin « Yaacov Abihssera ». En écho à ces troubadours filalis, « Andalucious », avec à sa tête le jeune violoniste étoile « Elad Lévi », nous proposera un concert kaléidoscope qui revisitera les pièces les plus emblématiques du « Melhoun », du « Chgouri » et du « Matrouz » judéo-arabe, dont Essaouira n'a pas fini de nous faire découvrir les partitions écrites à deux mains et chantées à deux voix. « Le Maghreb Uni sera aussi de la fête pour ce 15ème anniversaire hors normes. En effet, la grande « Hayat Boukhriss » que chacun connaît invitera sur scène et à ses côtés « Rym Hakiki » venue d'Alger et la Tunisienne « Syrine Benmoussa ». Trois grandes dames qui ont le talent de nous dire, chacune à sa façon, notre Maghreb réuni dans un répertoire qui ne connaît pas de frontières », laissent savoir les organisateurs. C'est dans ce même registre que le flamenco tout droit venu des meilleures écoles flamenca d'Espagne sera, comme chaque année à Essaouira, le fil de lumière qui éclaire cette Andalousie Atlantique de tous les possibles que la Cité des Alizés a choisi d'incarner avec talent. Autre moment d'exception de cette Andalousie mythique en escale à « Dar Souiri » pour faire revivre aux festivaliers, le legs de deux des plus grands poètes andalous, « Ibn Arabi » et « Ibn Gabirol ». Un concert à deux voix, celle de Said Belcadi, maître du Madih et du Samaa au Maroc qui aura à ses côtés « Curro Pinana », l'héritier du cante minero en Espagne. Last but not least, les mordus de la musique authentique seront conviés à la soirée d'ouverture qui proposera un concert grandiose avec près d'une centaine de musiciens et chanteurs sur scène dirigés par Anass El Attar, l'un des maîtres de la musique andalouse, qui sera à la tête du légendaire orchestre Mohamed El Brihi. Avec son Rbab du 18ème siècle. Ainsi, Anass El Attar et son orchestre accueilleront sur scène la magnifique et imposante chorale des « Mélomanes de la Musique Andalouse », et seront rejoints par le mounchid Ahmed Marbouh et les cantors Benjamin Bouzaglo, Hay Korkos avec à leurs côtés, la diva du Melhoun, Sanaa Marahati, pour donner à ce premier concert les accents et les mots du répertoire de Samy Al Maghribi, Albert Suissa et Salim Halali. Au menu figurent également les rendez-vous dits : « Au-delà de Minuit » que les habitués connaissent bien avec, cette année, une quarantaine de maîtres du Madih et du Samaa qui se réuniront à Dar Souiri pour rendre hommage à Feu Abdelmajid Souiri, outre la projection suivie de débats, en première au Maroc, du film de Hanna Assouline : « Les Guerrières de la Paix ».