Voici le texte du discours que Mme Miriem Bensalah-Chaqroun, Présidente de la CGEM a prononcé lundi lors de la cérémonie de signature du Protocole de création d'un Fonds de médiation sociale, en présence du ministre de l'Emploi, Mohamed Yatim, de l'ambassadeur du Danemark et des représentants des quatre syndicats nationaux. Voici le texte de son allocution : Monsieur Le Ministre de l'Emploi Excellence Monsieur l'ambassadeur du Danemark, Messieurs les secrétaires généraux des syndicats, Chers collègues, Mesdames et messieurs les représentants des médias Mesdames et Messieurs, Au nom de la CGEM, je souhaite vous remercier pour votre présence aujourd'hui à un événement qui consacre un partenariat que nous considérons comme exemplaire : celui des entreprises avec les syndicats, celui du capital matériel avec le capital humain, celui de l'entreprise avec ce qui constitue son premier atout : ses femmes et ses hommes. Les chefs d'entreprises sont certes porteurs de cette dimension que l'on appelle couramment le capital matériel, mais ce sont d'abord des femmes et des hommes qui travaillent, tout comme leurs salariés qui ont également des familles à charge. A ce titre, l'une des premières préoccupations du chef d'entreprise [et l'une de ses hantises aussi parfois] et d'abord de payer les salaires de ses employés, avant de penser à la rentabilité de son capital. Il arrive parfois que cette relation de confiance, que ce contrat social entre l'entreprise et ses salariés, connaisse des dysfonctionnements générant ainsi une confrontation qui risque de devenir un mouvement collectif. Qui est perdant dans ce scénario ? L'entreprise ? Les salariés ? Vous le savez, tout comme moi, nous sommes tous perdant dans un conflit de travail. Le salarié perd du revenu et l'entreprise perd en productivité. C'est pour cela qu'à la CGEM, nous considérons que la conflictualité mérite une attention particulière et des efforts conjoints entre entreprises et syndicats : les conflits existeront toujours, mais ce qu'il faut préserver ce sont les équilibres, ceux qui préservent les emplois et la valeur ajoutée locale. Et pour préserver ces équilibres, il faut dialoguer, dialoguer, dialoguer... Et quand le dialogue est rompu, nous avons besoin d'un soutien, d'une interface, d'un médiateur pour nous aider. C'est ainsi que les conflits collectifs au travail sont parmi les questions qui ont bénéficié d'une attention particulière de la part de la législation du travail marocaine. Celle-ci, a institutionnalisé deux mécanismes : la réconciliation et l'arbitrage. Cependant, ces deux mécanismes seuls, ne suffisent pas et sont souvent source de lourdeur. Le dialogue direct, alimenté et pris en charge par les partenaires sociaux peut et doit être un moyen de réduire la conflictualité. Il nous incombe de veiller au renforcement de ces deux mécanismes par un processus de concertation indépendant bipartite : Etat et syndicats Convaincue de cette démarche, la CGEM a signé en 2012 avec les syndicats les plus représentatifs un accord pour la promotion de la Médiation Sociale, de même qu'un pacte social. Cet accord a posé les jalons nécessaires pour organiser la médiation et des interventions réussies ont été menées dans plusieurs secteurs. Aujourd'hui, nous passons à la phase de la restructuration et de la pérennisation en dotant cette initiative d'un véhicule : le Fonds de Médiation Sociale. Un fonds qui servira à : * Financer les opérations de médiation sociale convenues par les parties * Améliorer les capacités des médiateurs reconnus, à travers la formation * Envisager la mise en place de nouveaux mécanismes susceptibles de développer la médiation sociale Pour optimiser la gestion de ce fonds, nous avons mis en place un comité de pilotage. Le lancement de ce fonds est pour nous l'occasion de mettre en place un climat social sain et bénéficiaire pour tous. La vocation de l'entreprise est de créer de la valeur ajoutée et les salariés sont en droit de réclamer un travail digne et décent. Dans ce cadre, la CGEM appelle, dans un esprit de responsabilité et d'intérêt bien compris des uns et des autres, appelle à mettre en place le cadre normatif qui viendrait accompagner ce fonds de médiation sociale et qui consacrerait deux principes fondamentaux : le droit au travail et à la liberté syndicale. C'est pour cela que nous appelons nos amis syndicats et le gouvernement à réfléchir avec nous sur une réglementation du droit de grève, conformément à l'esprit de la Constitution de juillet 2011, qui tienne compte des droits du travailleur et du droit au travail. De même, nous appelons à promulguer la loi sur les syndicats pour renforcer leur rôle, faire en sorte que leur représentativité soit prise en compte, et éviter que ce secteur ne soit victime de l'informel, comme le sont les entreprises. Je profite de cette occasion pour rendre hommage à messieurs les Secrétaires Généraux des syndicats pour leur engagement et j'aimerais remercier vivement, La Confédération de l'industrie danoise (DI), qui nous a soutenu pour la mise en place de ce fond. Lire aussi : Les élections pour la Présidence de la CGEM prévues le 22 mai 2018