La défense de l'ancienne présidente argentine Cristina Kirchner (2007-2015) et de son ancien ministre des Relations extérieures, Héctor Timerman, va présenter lundi un recours contre la décision de la Chambre fédérale de Buenos Aires qui a ordonné leur poursuite en état d'arrestation pour abus de pouvoir et dissimulation de crime dans le cadre de l'enquête sur l'explosion ayant visé en 1994 le siège de l'Association mutuelle israélite argentine (AMIA), ont indiqué les médias locaux. Le juge Claudio Bonadio avait décidé de poursuivre Mme Kircher, quelques jours après son entrée au Sénat, pour « trahison contre la patrie et dissimulation de crime », précise la même source, ajoutant que le premier chef d'accusation n'a pas été retenu par les magistrats Martin Irurzun et Eduardo Farah. Le 21 octobre dernier, la Cour d'appel avait confirmé le mandat d'arrêt émis contre l'ancienne présidente ainsi que l'arrestation de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Héctor Timerman, assigné à résidence en raison de son état de santé fragile, et de neuf autres personnes accusées du même chef d'accusation. L'immunité parlementaire de Mme de Kirchner devra être levée avant son arrestation, une démarche qui nécessite l'approbation des deux tiers des sénateurs réunis lors d'une session spéciale convoquée par le président de la République. Le juge considère qu'un pacte que Mme Cristina Kirchner avait conclu en 2012 avec l'Iran était une manière de permettre aux suspects iraniens de se dérober à la justice argentine. L'accord prévoyait que des hauts fonctionnaires iraniens, soupçonnés d'avoir commandité l'attentat contre la mutuelle Amia, soient entendus par des magistrats argentins à Téhéran faute de pouvoir le faire à Buenos Aires. Le pacte avait été approuvé par le Parlement argentin, mais l'Iran n'avait finalement pas respecté les termes de l'accord. Actuelle sénatrice, Mme Cristina Kirchner, 64 ans, ne peut être placée en détention que suite à la levée de son immunité par le Sénat, un cas de figure peu probable car les deux tiers des voix sont nécessaires pour lever cette immunité. L'accusation pour entrave à l'enquête au profit de l'Iran avait d'abord été lancée en 2015 par le procureur Alberto Nisman, qui avait été retrouvé mort dans son appartement de Buenos Aires la veille de présenter son accusation contre Mme Kirchner au Parlement. L'Iran est accusé par Buenos Aires d'avoir commandité l'attentat de 1994 contre le bâtiment abritant les institutions juives d'Argentine, mais aucun procès n'a pu avoir lieu jusqu'ici pour juger les responsables. Mme Kirchner, qui avait quitté le pouvoir fin 2015 après deux mandats de quatre ans, a fait en 2017 son retour en politique en décrochant en octobre dernier un siège de sénatrice. Mise en examen dans d'autres affaires de corruption, Cristina Kirchner clame son innocence et dénonce « une persécution politique » de la part de la justice, qu'elle estime aux ordres du gouvernement de centre-droit de Mauricio Macri, qui nie de son côté exercer toute ingérence sur la justice.