Le projet de loi sur le droit de grève, actuellement examiné par la Commission de l'enseignement et des affaires sociales de la Chambre des conseillers, suscite de vifs débats. Il vise à encadrer plus strictement ce droit pour éviter les abus, tout en garantissant un équilibre entre les droits des travailleurs et les impératifs économiques. Le projet de loi concernant le droit de grève continue de susciter des discussions passionnées au Maroc. Actuellement en examen au sein de la Commission de l'enseignement et des affaires sociales de la Chambre des conseillers, ce texte pourrait bien redéfinir les règles du jeu en matière de contestation sociale dans le pays. Lors des délibérations sur ce projet, le ministre de l'Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l'Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, a fait preuve d'une grande persévérance, conscient de l'importance de cette réforme. L'objectif du gouvernement est d'obtenir son adoption avant la fin de la session d'automne, une tâche qui a conduit les parlementaires à consacrer près de 16 heures à l'examen minutieux du texte. Les discussions se sont étendues sur plusieurs jours, et les débats en Commission ont abouti à une clôture tardive, à 3 heures du matin. Une fois les discussions terminées, les parlementaires auront jusqu'au 29 janvier pour soumettre leurs amendements, et le vote est prévu pour le 31 janvier. Par la suite, le texte sera mis à l'ordre du jour pour son adoption en séance plénière avant de passer à une deuxième lecture à la Chambre des représentants. Ce projet de loi intervient dans un contexte où le droit de grève est perçu par certains comme un outil légitime de revendication, tandis que d'autres estiment qu'il doit être strictement encadré pour éviter des abus. Lors de l'ouverture des débats, Younes Sekkouri a réaffirmé l'importance de ce droit tout en soulignant qu'il doit être exercé dans le respect de règles clairement définies. Le ministre a aussi annoncé qu'il rencontrerait prochainement les partenaires sociaux pour discuter des ajustements possibles à ce texte. Il a insisté sur le rôle fondamental des syndicats dans le maintien du dialogue social et précisé que leur affaiblissement serait contreproductif, car il pourrait ouvrir la voie à des formes de contestation incontrôlées et potentiellement nuisibles. Lire aussi : 3ème édition des Rencontres de la TPE-PME : Loi de finances 2025 et droit de grève au cœur des débats Selon le ministre, il est crucial que les appels à la grève soient réservés aux entités représentatives, et non à des individus ou groupes sans légitimité. Il a rappelé qu'un appel à la grève émanant de personnes non représentatives pourrait perturber le bon fonctionnement des entreprises et de l'économie en général. Un tel comportement irrationnel, selon lui, pourrait avoir des conséquences dramatiques, tant sur le plan économique que social. Des conditions plus strictes pour l'exercice du droit de grève L'objectif principal de ce projet de loi est d'encadrer plus rigoureusement l'exercice du droit de grève, en mettant en place des mécanismes de régulation afin d'éviter toute dérive. L'article 10 du texte prévoit que l'appel à la grève, qu'il concerne le secteur public ou privé, doit obligatoirement être initié par un syndicat représentatif ou majoritaire. Cette règle s'applique également aux établissements publics, où l'appel doit provenir d'un syndicat ayant une représentativité soit nationale, soit spécifique à l'établissement en question. Dans les entreprises, l'appel à la grève pourra être lancé par un syndicat majoritaire ou par un comité de grève. Pour les travailleurs domestiques, un syndicat représentant ces derniers sera chargé de formuler cet appel. Cette disposition vise à garantir que les actions de grève soient légitimes et qu'elles ne soient pas utilisées de manière intempestive par des groupes ou des individus non représentatifs. Par ailleurs, les syndicats doivent prendre la décision de recourir à la grève via l'organe compétent désigné dans leurs statuts, ce qui ajoute un degré de formalisation à la procédure. Une autre mesure clé de ce projet de loi concerne les délais à respecter avant d'initier une grève. Ce texte prévoit des délais d'attente dans le but de favoriser la négociation et d'éviter les actions précipitées. Par exemple, dans le secteur public ou pour les professionnels, le délai d'attente avant de pouvoir recourir à une grève est fixé à 45 jours, avec une possibilité de prolongation unique de 15 jours, sur demande d'une des parties. Dans le secteur privé, ce délai est réduit à 15 jours, avec une prolongation également limitée à 15 jours. Ces délais courent à partir de la réception du dossier de revendications et pendant cette période, des négociations doivent être engagées pour tenter de trouver une solution amiable. Selon Younes Sekkouri, ce système présente des avantages pour toutes les parties impliquées, car il permet de limiter les perturbations tout en offrant un cadre légitime pour la défense des droits des travailleurs. Cependant, le texte prévoit une exception pour les situations où la grève est déclenchée en raison d'un danger imminent menaçant la santé et la sécurité des travailleurs. Dans ces cas-là, l'appel à la grève peut être lancé après un délai de 3 jours à compter de la confirmation du danger, afin de protéger rapidement les travailleurs en cas de risque immédiat pour leur bien-être. Réactions du Patronat : Impact sur les Entreprises et l'Economie Le projet de loi n'a pas manqué de provoquer des réactions vives, notamment de la part des représentants du patronat. Un membre de la CGEM dénoncé l'utilisation de la grève comme un moyen de pression ou de « chantage » à l'égard des employeurs. Il a affirmé que, bien que les employeurs respectent les droits des salariés, la grève ne doit pas être utilisée comme un outil de négociation pour obtenir des concessions non méritées. Selon lui, cette utilisation excessive du droit de grève a des effets dévastateurs sur l'entreprise, en perturbant son fonctionnement et en entraînant des pertes financières et de réputation.