Une enquête antidumping a été lancée à la suite d'accusations de pratiques commerciales déloyales concernant les importations de polychlorure de vinyle en provenance d'Egypte. La Société nationale d'électrolyse et de pétrochimie, producteur local, affirme que les prix sous-évalués de ces importations nuisent gravement à l'industrie nationale, mettant en péril sa compétitivité. Le ministère de l'Industrie et du Commerce a récemment annoncé l'ouverture d'une enquête antidumping visant les importations de polychlorure de vinyle (PVC) en provenance d'Egypte. Cette décision fait suite à une demande formelle de la Société nationale d'électrolyse et de pétrochimie (SNEP), l'unique producteur national de PVC, qui accuse les importations égyptiennes de dumping, mettant ainsi en danger la compétitivité et la pérennité de l'industrie locale. La SNEP soutient que ces pratiques de dumping créent une concurrence déloyale, ce qui pourrait nuire gravement à la production nationale de PVC. L'enquête a été ouverte après une analyse approfondie de la demande de la SNEP, au cours de laquelle le ministère a jugé que les preuves présentées par le secteur national étaient suffisamment solides pour justifier une telle procédure. Cette enquête vise spécifiquement la résine de polychlorure de vinyle (PVC) sous forme primaire, qui est produite par polymérisation en suspension du monomère de vinyle (VMC). Selon la SNEP, les importations égyptiennes de PVC sont proposées à des prix artificiellement bas, en raison de subventions ou d'autres formes d'aide illégale de la part des autorités égyptiennes. Cela permet aux producteurs égyptiens de vendre à un prix inférieur à la valeur normale du marché, causant un préjudice considérable à l'industrie marocaine. Lire aussi : Le Maroc en quête de durabilité pour ses ressources halieutiques Pour évaluer l'existence de pratiques de dumping, la méthodologie utilisée consiste à comparer le prix de vente « normal » du PVC, c'est-à-dire le prix de sortie usine dans le pays d'origine, avec le prix d'exportation pratiqué pour le marché marocain. Cette comparaison est effectuée sur la base de données précises et vérifiables, notamment les informations fournies par l'Office des Changes, ainsi que les cotations des prix de vente observés à l'échelle mondiale. Ces données sont ajustées afin d'être comparées dans des conditions identiques, correspondant à un prix de « sortie-usine ». De plus, la valeur normale est estimée à partir des cotations obtenues auprès de sources indépendantes telles que ChemOrbis, spécialisée dans l'analyse des marchés mondiaux de matières premières. L'enquête a révélé que la marge de dumping observée excède largement le seuil minimal de 2 %, qui est le niveau à partir duquel des mesures antidumping peuvent être prises en vertu de la réglementation internationale. Cette constatation a renforcé les arguments de la SNEP, qui considère que la concurrence déloyale sur le marché marocain est manifeste et nécessite une intervention des autorités compétentes. Explosion des importations de PVC égyptien : menace pour l'industrie marocaine L'ampleur du phénomène est également confirmée par une analyse de l'évolution des volumes d'importation de PVC en provenance d'Egypte. En effet, depuis 2020, on observe une augmentation significative des importations égyptiennes de PVC. En chiffres absolus, les importations ont progressé de manière impressionnante, passant de 16 596 tonnes en 2020 à 52 116 tonnes en 2023, soit une augmentation de près de 215 %. De plus, en 2024, les importations égyptiennes ont continué d'augmenter, atteignant 32 642 tonnes au premier semestre, contre 15 325 tonnes pour la même période l'année précédente. Cette croissance rapide des volumes d'importation a eu des répercussions directes sur le marché marocain, avec une part croissante du PVC égyptien dans la consommation nationale, qui est passée de 15 % en 2020 à 41 % en 2023. Parallèlement, les importations en provenance d'Egypte ont pris une proportion de plus en plus importante dans le marché marocain. En 2023, elles représentaient 41 % de la consommation totale de PVC au Maroc, et cette part a continué de croître en 2024. Ce phénomène est d'autant plus inquiétant que, selon la SNEP, cette augmentation continue des importations de PVC égyptien a eu un impact direct et négatif sur la performance de la production nationale. Les producteurs marocains se trouvent en effet confrontés à une concurrence déloyale, ce qui a provoqué une baisse de la rentabilité, ainsi que des difficultés dans le maintien de l'emploi et des investissements dans l'industrie. Dans ce contexte, l'enquête antidumping, prévue par l'article 17 de la loi n° 15-09, a pour objectif de déterminer l'existence, l'ampleur et les conséquences du dumping sur le secteur de la production nationale. L'enquête portera sur une période de référence allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024, et pourrait être prolongée jusqu'à 18 mois en cas de circonstances exceptionnelles. Afin de réaliser une analyse approfondie et impartiale, des données seront collectées auprès des producteurs exportateurs égyptiens, des importateurs marocains, ainsi que d'autres parties concernées par le commerce du PVC. Cette démarche permet de garantir que l'enquête repose sur des informations fiables et que toutes les parties prenantes sont prises en compte. Si les résultats préliminaires confirment la présence de dumping et de préjudices conséquents sur le marché marocain, des mesures provisoires pourraient être mises en place pour protéger les intérêts de l'industrie locale. Cela pourrait inclure des droits antidumping temporaires sur les importations de PVC égyptien, afin de permettre à l'industrie marocaine de retrouver une concurrence équitable et de protéger les emplois dans le secteur. En attendant les résultats définitifs de l'enquête, le ministère de l'Industrie et du Commerce assure que cette procédure vise à garantir une concurrence loyale, en réprimant les pratiques commerciales déloyales et en protégeant l'économie nationale contre les distorsions de marché.