Le déplacement d'Emmanuel Macron au Maroc, prévu du 28 au 30 octobre, marque un tournant crucial dans les relations franco-marocaines, après trois années de tensions diplomatiques. Cette visite, reportée à plusieurs reprises depuis 2022, se déroule dans un contexte de réchauffement diplomatique amorcé début 2024, notamment suite à la reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur son Sahara. Ce geste historique de la France a permis de lever l'ambiguïté qui planait sur sa position vis-à-vis de ce territoire, dont elle détient l'historique, mettant ainsi fin à une période de flou diplomatique marqué par une perception de ce que certains qualifient de tropisme algérien de la part du président Macron. Ce voyage présidentiel, le premier depuis 2018, ne se limite pas à un simple geste symbolique. Il s'agit d'un message clair adressé à la communauté internationale et à l'ensemble du continent africain. En renouant avec Rabat, Paris réaffirme son attachement à une relation stratégique avec le Maroc, un partenaire historique et majeur, tant sur le plan économique que géopolitique. Le Royaume, sous la conduite du Roi Mohammed VI, s'est affirmé comme un acteur clé dans plusieurs domaines stratégiques en Afrique : l'énergie renouvelable, l'industrie, le développement durable et la sécurité régionale. C'est cette position centrale qui fait du Maroc un allié incontournable pour la France et pour l'Europe dans leur quête de stabilité et de prospérité. D'autant plus que le Maroc joue également un rôle de premier plan dans la coopération en matière de sécurité, de coopération militaire et de lutte contre le terrorisme, notamment dans la région du Sahel, où il a apporté un soutien crucial à la France. Cette collaboration sécuritaire a été d'autant plus importante lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, où la France devait garantir la stabilité et la sécurité de l'événement à une échelle internationale. De fait, le Maroc, avec son expérience dans la lutte contre le terrorisme, a été un partenaire privilégié pour assurer cette stabilité. LIRE AUSSI : Le Sahara marocain : Une histoire gravée dans la chair du Maroc Outre les enjeux politiques et diplomatiques, cette visite revêt une importance économique majeure. Selon certains médias internationaux, Emmanuel Macron, accompagné d'une délégation de hauts responsables et d'industriels français, arrive, au Maroc avec un soutien financier estimé à près de 20 milliards d'euros, destiné à soutenir des projets d'envergure dans les secteurs des infrastructures, de l'énergie, du tourisme et de l'industrie. Le Maroc, avec ses réformes économiques et son cadre réglementaire favorable aux investissements, s'est imposé comme une destination attractive pour les entreprises françaises. Cette visite permet donc de renforcer les liens économiques entre les deux pays. Dans ce sens, un des projets phares de cette coopération renforcée est l'implication de Stellantis, le constructeur automobile regroupant Fiat et Peugeot, qui souhaite faire du Maroc un centre de développement industriel majeur. Avec son expertise et sa main-d'œuvre qualifiée, le Royaume représente une plateforme idéale pour les ambitions de Stellantis en Afrique et au-delà. Ce projet illustre la volonté de la France de consolider sa présence dans un marché en pleine expansion, tout en contribuant à l'industrialisation du Royaume. Cependant, un secteur clé qui suscite beaucoup d'intérêt dans cette relation renouvelée est celui de l'industrie militaire. Selon le journal La Tribune, deux contrats majeurs seraient actuellement en cours de négociation entre la France et le Maroc, portant sur la vente de sous-marins et d'hélicoptères Airbus. Ces accords militaires marqueraient le retour de la France sur le marché marocain de la défense, un marché mis en stand by depuis le dernier contrat significatif signé en 2013 sous François Hollande, pour un montant de 680 millions d'euros. Ainsi le renforcement de la coopération militaire montre l'importance du Maroc comme partenaire stratégique dans la région, et souligne la confiance mutuelle entre les deux pays dans le domaine de la défense. En parallèle, sur le plan culturel et éducatif, le Maroc demeure un rempart de la francophonie en Afrique. D'ailleurs, il accueille le plus grand nombre d'établissements scolaires francophones dans la région, renforçant ainsi les liens linguistiques et culturels entre les deux nations. Ce patrimoine commun, forgé au fil des décennies, reste un pilier fondamental de la relation bilatérale. Par ailleurs, le Maroc s'est imposé comme un pays d'accueil pour de nombreux migrants subsahariens, témoignant de son engagement en faveur de la diversité et de l'intégration, tout en restant un exemple de tolérance religieuse dans une région souvent marquée par des tensions identitaires. Sur le plan des énergies renouvelables, le Maroc est devenu un modèle à suivre grâce à ses investissements massifs dans l'énergie solaire et éolienne. Avec son vaste potentiel énergétique, il est désormais un acteur clé dans la transition écologique mondiale. Des entreprises françaises comme Engie sont déjà engagées dans des projets de grande envergure dans le Sahara marocain, tandis que des accords récents comme celui signé avec Egis pour l'extension du réseau de trains à grande vitesse entre Kénitra et Marrakech montrent l'ampleur des opportunités de coopération entre les deux pays. Cette dimension énergétique renforce la place du Maroc en tant que partenaire essentiel pour la France et l'Europe, à un moment où la transition vers des énergies durables est devenue une priorité stratégique. Une visite à forte portée géopolitique Somme toute, ce déplacement présidentiel intervient à un moment stratégique où la France souhaite réaffirmer son partenariat avec le Maroc. Le Royaume offre des conditions exceptionnelles pour attirer les investissements, ce qui renforce son rôle de partenaire incontournable, tant pour la France que pour l'Europe. Cette visite, au-delà des enjeux diplomatiques et économiques, vise à sceller une réconciliation durable, fondée sur des intérêts partagés et un engagement mutuel à bâtir un avenir commun plus fort. Le succès de cette visite dépendra donc de la capacité des deux nations à transformer ce rapprochement en une relation stratégique et pérenne, à la hauteur des enjeux contemporains. Mais au-delà des enjeux bilatéraux, la visite de Macron prend une dimension géopolitique particulière, intervenant deux jours avant la présentation du rapport du Conseil de sécurité des Nations Unies sur le Sahara. En tant que membre influent du Conseil de sécurité, la France joue un rôle déterminant dans les discussions et décisions internationales concernant ce territoire. Par ce déplacement présidentiel à un moment aussi stratégique, le Président français réaffirme son soutien, et de façon claire, à la position marocaine en faveur de l'autonomie du Sahara sous sa souveraineté. La France, par cette visite, envoie un signal fort à la communauté internationale : elle souhaite jouer un rôle actif dans la résolution pacifique de ce conflit vieux de près de 50 ans. En amont du rapport du Conseil de sécurité, cette rencontre entre les deux chefs d'Etat pourrait non seulement consolider la position du Maroc, mais aussi influencer les discussions à l'ONU en faveur d'une solution durable et négociée, alignée avec les intérêts marocains et soutenue par plusieurs grandes puissances. Cela souligne également l'importance du Maroc comme partenaire stratégique sur la scène internationale, dont la stabilité est majeure pour la France et pour l'Europe.