La coopération entre le Maroc et la France s'apprête à franchir une nouvelle étape, marquée par une intensification des projets économiques, agricoles et industriels, à la suite d'un tournant politique majeur. La reconnaissance explicite par le président français Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara a non seulement consolidé les liens diplomatiques entre les deux pays, mais elle a aussi ouvert la voie à un partenariat économique plus ambitieux. La visite d'Etat imminente de Macron au Maroc en constitue une nouvelle preuve. Dans une allocution, à l'occasion de l'ouverture de la 1ère session de la 4ème année législative de la 11ème Législature, le Roi Mohammed VI a salué la décision de la France, qui soutient désormais sans ambiguïté la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Ce soutien, réaffirmé par la voix du président Macron, a été un signal fort de la France, appuyant l'Initiative d'autonomie proposée par le Maroc comme seule solution au conflit saharien. Cette reconnaissance contribue à apaiser les tensions régionales et permet à la France de se positionner comme un partenaire de confiance dans la région, renforçant ainsi son influence sur la scène internationale. Ce tournant diplomatique est désormais suivi de nouvelles initiatives économiques visant à capitaliser sur cette convergence politique. Les relations bilatérales entre la France et le Maroc ont toujours été solides, mais l'heure est désormais à un renforcement stratégique de la coopération économique, en particulier dans les secteurs industriels, agricoles et de la défense. Selon les dernières données de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), les exportations françaises vers le Maroc ont atteint un record historique de 690 millions d'euros en février 2024. Ce chiffre symbolise une étape majeure dans les relations commerciales entre Rabat et Paris. Depuis janvier 2000, ces échanges ont toujours été en progression, mais jamais un tel niveau n'avait été atteint. Lire aussi : Immigration : L'UE examine la possibilité de créer des centres de retours pour migrants en pays tiers Cette augmentation significative des exportations souligne non seulement la solidité des liens économiques entre les deux pays, mais aussi leur potentiel de développement dans des domaines stratégiques. Il est intéressant de noter que cette performance exceptionnelle coïncide avec la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara, ce qui laisse supposer que la diplomatie et l'économie sont étroitement liées dans cette dynamique bilatérale renouvelée. Parmi les secteurs clés de cette nouvelle coopération, l'industrie de défense française semble déterminée à reprendre une place prépondérante sur le marché marocain. La prochaine visite d'Etat de Macron pourrait marquer un tournant dans cette ambition. Selon des informations rapportées par le quotidien économique français La Tribune, deux projets majeurs dans le domaine de la défense seraient actuellement en cours de négociation. Ces discussions portent notamment sur la vente d'avions, d'hélicoptères et de sous-marins à la Marine royale marocaine. Parmi ces projets, Airbus Helicopters est en pourparlers pour la livraison de 18 hélicoptères Caracal au Maroc. Ces appareils, utilisés tant pour des missions de transport que pour des opérations de sauvetage, seraient destinés à l'armée de l'air marocaine ainsi qu'à la Gendarmerie royale. La valeur de ce contrat, estimée entre 600 et 800 millions d'euros, souligne l'importance de cet accord pour l'industrie française de l'armement. Ainsi, le dernier contrat de défense d'une telle ampleur signé entre la France et le Maroc remonte à 2013, lors de la visite de François Hollande, alors président de la République. Ce contrat, d'une valeur de 682,9 millions d'euros, portait également sur la vente d'équipements militaires, mais depuis, les relations commerciales dans ce domaine avaient quelque peu ralenti, malgré une légère reprise en 2020 avec des commandes de 407,4 millions d'euros. Naval Group et la coopération maritime Outre le secteur aéronautique, Naval Group, autre fleuron de l'industrie française, envisage de renforcer sa présence au Maroc. L'entreprise est actuellement en discussion pour la livraison de deux sous-marins à la Marine marocaine, ainsi que pour la construction d'une base sous-marine sur les côtes marocaines. Ce projet, d'une importance stratégique majeure, vise à renforcer les capacités navales du Maroc et à consolider sa position en tant qu'acteur clé de la sécurité maritime en Méditerranée et dans l'Atlantique. La récente participation de la France à l'exercice naval conjoint Chebec 2024, où elle a déployé pour la première fois un sous-marin nucléaire d'attaque, démontre l'intérêt de Paris pour le renforcement de la coopération militaire avec Rabat, en particulier dans le domaine naval. Cet exercice, qui a eu lieu début octobre 2024, symbolise la profondeur des liens militaires entre les deux pays et préfigure des collaborations accrues à l'avenir. En parallèle aux accords militaires, la France souhaite également intensifier sa coopération dans les secteurs agricole et industriel. Le Maroc, avec son potentiel agricole et ses nombreuses réformes dans ce domaine, représente une opportunité majeure pour les entreprises françaises. Plusieurs projets de coopération agricole sont en cours de discussion, notamment dans le domaine de l'irrigation, de la modernisation des infrastructures agricoles et de la transformation alimentaire. Le secteur industriel n'est pas en reste. Des investissements sont prévus dans les domaines des énergies renouvelables, de la logistique et des infrastructures portuaires. Les entreprises françaises voient en effet le Maroc comme une porte d'entrée vers l'Afrique subsaharienne, avec qui le royaume entretient des relations privilégiées. Ce positionnement stratégique fait du Maroc un partenaire incontournable pour la France, dans un contexte où Paris cherche à renforcer sa présence en Afrique face à la montée d'autres puissances internationales, telles que la Chine ou la Turquie.