Face au fléau endémique de la contrefaçon d'œuvres d'art qui menace le marché de l'art dans le Royaume, l'Etat a établi des mesures pour sévir contre cette recrudescence qui met en péril l'art marocain, tant au niveau national qu'international. L'Etat lance une offensive contre les faussaires. Ainsi, les autorités évaluent le marché de l'art à environ 2,5 millions de dollars, et les peintures, en particulier, gagnent en renommée dans tout le Moyen-Orient, notamment au Qatar et aux Emirats Arabes Unis. Les tableaux des grands artistes marocains sont très demandés, et leurs prix de vente ont pratiquement doublé, explique Mohamed Benyakoub, directeur des arts au département de la Culture, interrogé par la MAP. Cependant, cette dynamique entraîne un revers, notamment la prolifération d'œuvres contrefaites ou portant de fausses signatures. Concernant les particularités du marché de l'art, Mehdi Bensaid a relevé que l'émergence de fausses œuvres résonne comme une épidémie qui affecte la crédibilité du Royaume à l'étranger, un fléau qui entrave la participation des artistes marocains aux événements internationaux. Ces réseaux organisés ont des ramifications à l'étranger. En effet, les tableaux sont réalisés au sein du Royaume par des artistes professionnels de la contrefaçon, puis exportés illégalement. Les services douaniers requièrent des exportateurs la production d'une autorisation du département de la Culture, une autorisation qui n'est pas exigée à l'importation. Ainsi, les mêmes tableaux sont ultérieurement réintroduits sur le territoire national pour être vendus comme des œuvres originales importées. Pour pallier ces lacunes, la création d'une cellule de détection des contrefaçons artistiques est évoquée. Cet organe, rattaché à la Fondation nationale des musées, sera doté d'agents assermentés spécialisés. Hassan Daki, président du ministère public, a affirmé que ces œuvres d'art sont protégées par la loi n°2.00 sur la protection des droits d'auteur et des droits voisins, notant que l'article 3 de cette loi stipule que les peintures sont considérées comme des œuvres des beaux-arts, y compris les peintures à l'huile, les autres arts plastiques, les gravures, les impressions sur cuir et toutes les autres œuvres de beaux-arts. Le programme d'action pour lutter contre ce fléau comprend trois étapes : la première concerne le cadre juridique et les acteurs du système judiciaire ; la deuxième, la concertation avec les acteurs de terrain ; et la troisième, la concertation avec les autorités exécutives, représentées par le ministère de l'Intérieur, la Gendarmerie Royale, la Direction générale de la sûreté nationale et la Direction générale des douanes et impôts indirects, en présence des autorités judiciaires. Le ministère envisage de créer une plateforme numérique pour documenter les œuvres d'art originales et permettre aux artistes d'enregistrer leurs œuvres de leur vivant, en intégrant les données y afférentes. Cette plateforme servira également à alerter sur les œuvres d'art douteuses ou contrefaites.