Si, en effet, le 30 juillet constitue depuis l'année 1999 une date significative, célébrant entre autres l'accession au Trône de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cette année, elle revêt une dimension particulière. Elle est notamment marquée par une série d'événements venus, outre façonner et enrichir l'actualité, conforter l'image de notre pays. La lettre que le Président de la République française, Emmanuel Macron a adressé à Sa Majesté le Roi Mohammed VI l'informant que son pays « soutient le plan d'autonomie marocain au Sahara », officiellement et sans détour, la réponse du Roi en prenant acte, non sans souligner que désormais s'ouvre un nouveau chapitre de nos relations avec la France, les réactions suscitées ici et là pour soutenir à la quasi unanimité à la fois cette reconnaissance française– exception de quelques esprits chagrins de la gauche ou ce qui en reste dans une France qui doute d'elle-même – ainsi que la nouvelle dynamique. Et, surtout, renverse comme l'on dit la vapeur. Renormalisation franco-marocaine ? Retrouvailles impérieuses après deux années quasi glaciales ? La reconnaissance par la France de notre souveraineté sur le Sahara, proclamée officiellement cette fois-ci , n'est pas tombée du ciel. C'est le résultat d'un laborieux processus et d'un patient travail diplomatique plutôt acharné. C'est aussi une œuvre de démêlage pertinent, mené de part et d'autre, consistant en définitive à un réexamen de conscience, parfois à une révision déchirante de positions figées, créées artificiellement et sur lesquelles d'aucuns ont allègrement surfé. Jusqu'à il y a deux ans, l'entente maroco-française était inscrite dans le registre de l'exception et de la longue durée. Comme une pente régulière, elle ne souffrait d'aucune entrave, ni la moindre anicroche et encore moins une rupture. Premier partenaire économique, rattrapé dans une moindre mesure par l'Espagne, la France est surtout un allié historique. Et dans cette affaire du Sahara, elle ne s'est jamais départie de son soutien explicite. En 2012, Alain Juppé qui fut ministre des Affaires étrangères et Premier ministre de Jacques Chirac s'était fendu d'une déclaration officielle qui avait valeur de programme, voire de doctrine sur le soutien de la France au plan de règlement proposé en avril 2007 au Conseil de sécurité. Devant celui-ci, comme sous Nicolas Sarkozy, et même Mitterrand, la France n'a eu de cesse de soutenir le Maroc dans ce qui constitue sa revendication fondamentale et vitale : le parachèvement de son intégrité territoriale, la souveraineté sur son Sahara et l'unité nationale. Il n'est pas jusqu'à son représentant permanent à l'ONU, Nicolas Rivière qui n'ait de nouveau réitéré dernièrement son soutien à notre pays dans les mêmes termes et avec la même conviction chevillée au corps, que ses prédécesseurs, prélude en effet à ce que le président Emmanuel Macron vient d'exprimer dans sa lettre adressée au Roi Mohammed VI, à l'occasion de la Fête du Trône et dont la communauté internationale prend désormais acte. Le moins que l'on puisse dire – et cela a été fait -, c'est que nous vivons ici un « tournant majeur » de la diplomatie française. Inscrit dans une logique et un travail sourd, disons profond, il est à la France et au Maroc, à présent tous les deux scellés dans le même destin, ce que la clé est à une vision africaine partagée. La France de Macron avait beaucoup compté et même parié sur l'Algérie, notamment sur Tebboune et son cercle, pour réussir sa vision panafricaine. Elle n'y a rencontré que déboires et amertume, Alger devenant plutôt l'encombrant cheval de Troie de l'aventurisme et, son alliance avec l'Iran aidant, des violences voire du terrorisme. Et puis, il y a ce modus operandi de chantage à l'algérienne connu, agitant gaz et pétrole à tire-larigot, le sulfureux discours sur le « colonialisme français », cette indomptable fierté mal placée qui, comme une moutarde, n'a pas manqué de monter au nez des dirigeants français. Il convient de rappeler ici que, tournant pour tournant, la lettre du président français au Roi Mohammed VI, évoque cette vérité sémantique irréversible que « le Sahara relève et relèvera toujours de la souveraineté du Maroc » ! Ce n'est pas une clause de style, mais bel et bien le rappel d'un impératif catégorique que le monde entier devrait se remémorer avec force : celui de l'histoire, du droit international, de la justice tout simplement. Saisie en 1974 par le Maroc, la Cour internationale de Justice ( CIJ) a répondu à trois questions d'où il ressort que le Sahara n'a jamais été terra nullius avant sa colonisation par l'Espagne ; qu'il a toujours existé des liens juridiques et historiques entre les Rois du Maroc et les populations du Sahara, notamment comme le prouve la Bayâa ( acte d'allégeance) et que la souveraineté du Royaume sur ses provinces du sud ne s'était jamais démentie. Le jugement de la Cour de La Haye, rendu le 15 octobre 1975, a été d'autant plus explicite et attaché à la réalité historique et juridique qu'il ne laisse aucun doute, nulle ombre sur sa pertinence. Il est tombé comme un couperet, mettant l'Algérie de Boumediene au pied du mur. Celui-ci, au faîte de son pouvoir, maniant la menace pétrolière et gazière déjà croyait s'y opposer fermement et, ses juristes – dont un certain Mohammed Bedjaoui – commencèrent à agiter la fameuse résolution 1514 de l'Assemblée générale des Nations unies votée en 1960 sur la décolonisation des Etats encore occupés, incluant dans une rhétorique digne de Machiavel le « Sahara espagnol », rebaptisé « occidental » que le Maroc a revendiqué officiellement et avec force en...1956, tout de suite après son indépendance. Et, évidemment, bien que l'Algérie ne fût créée par la France...La Résolution 1514 en fait était assortie pour son application d'une autre, la 1541 sur l'intégration d'un territoire à un Etat, qui spécifiait que deux entités en conflit étaient aussi appelées si besoin à négocier l'indépendance, donc la décolonisation de manière pacifique. C'est exactement ce qui s'était produit le 14 novembre 1975 , lorsque Espagne, puissance occupante, le Maroc et la Mauritanie avaient signé le fameux Accord tripartite à Madrid, décolonisant pour ainsi définitivement le Sahara dit « espagnol » et auquel Boumediene, entré dans une rage inouïe , s'était radicalement opposé... Suprême ironie : c'est seulement en 1973 que le gouvernement algérien a commencé à dire que « la question du Sahara ne le concernait nullement », mais qu'il y était seulement intéressé. A présent elle est devenue vitale pour lui, ne craignant ni le ridicule, ni la malveillance. Boumediene est mort en décembre 1978, ses successeurs, dont beaucoup avaient vécu et doivent beaucoup au Maroc, ont repris l'antienne de ce dictateur et putschiste. Abdelmajid Tebboune qui n'avait pas encore 10 ans quand la guerre d'Algérie était déclarée en novembre 1954 n'avait donc aucune légitimité historique, devenant le plus virulent à son arrivée au pouvoir, dans les fourgons et les bottes de Saïd Chengriha, son janissaire bien connu. Jusqu'à nos jours, toute honte bue le gouvernement algérien n'a cessé de dire que le « Sahara n'était pas son affaire », mais de fil en aiguille, tout au long du temps révolu, marqué au sceau à la fois de l'amertume et d'une exubérante pyschopathologie, il est devenu « sa propre affaire nationale », son territoire, maquillée par la piteuse posture, ce cynisme abracadabrant de symétrie montée de toutes pièces avec l'enjeu de la Palestine. Comme si le Maroc était son ennemie ou la combattait, comme si notre pays, traditionnel et implacable défenseur du combat palestinien, devenait soudain un adversaire de sa cause. Le tournant français, réplique pédagogique, à un contexte floué par la propagande et la hargne algérienne, remet les pendules à l'heure. Après tout, c'est de Gaulle, aveuglé peut-être, par le mirage de la grandeur française, qui avait crée le différend frontalier en 1960, en offrant à l'Algérie le Sahara central, Tidikelt, Touat, Gourara, Saoura, Bechar, Tindouf et autres...Du coup, l'Algérie ottomane, s'est trouvée agrandie de manière inconsidérée « bouffant » de vastes territoires, y compris en Tunisie, au Mali, en Libye et, non contente d'être le résultat d'un dépeçage arbitraire au détriment de ses voisins, voudrait encore s'accaparer le Sahara marocain occidental. Car, il n'y a ni polisario, ni Sahraouis et encore moins un peuple sahraoui...