C'est un geste diplomatique inédit et discourtois. Alors que le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, s'apprêtait à se rendre en Algérie, il a reçu une demande de report de la part de son homologue algérien, invoquant un « agenda chargé ». Ce revirement de dernière minute n'est que le dernier épisode d'une série de tensions entre l'Algérie et l'Espagne, qui peinent à normaliser leurs relations. Aucune annonce officielle n'a été faite par les autorités algériennes sur la visite de José Manuel Albares, était prévue pour le lundi 12 février. Il n'y a donc pas lieu de parler d'annulation, mais plutôt d'un report sine die. Ce n'est pas la première fois que l'Algérie fait preuve d'un manque de transparence et de communication sur les visites de personnalités étrangères en Algérie et sur les déplacements des responsables algériens à l'étranger. Cela remonte à l'annulation de la visite du président Tebboune à Paris, initialement prévue le 2 mai 2023. Une visite qui avait été annulée une quinzaine de jours avant sa tenue, suite à un entretien téléphonique entre Ahmed Attaf et la ministre française, Catherine Colonna. Pourtant, cette visite avait été quasiment confirmée lors de l'appel téléphonique du 24 mars entre Emmanuel Macron et le chef d'Etat algérien. La veille de l'annonce du « report à une date ultérieure », pour ne pas dire annulation, une délégation d'experts de l'Elysée et du Quai d'Orsay avait séjourné à Alger pour finaliser le programme protocolaire de la visite du chef de l'Etat algérien à Paris. Depuis, aucune date n'a été fixée pour une visite de Tebboune en France, malgré les relances répétées, mais vaines, de la partie algérienne. Aujourd'hui, l'histoire se répète avec l'Espagne, mais de manière plus brutale. On a attendu jusqu'à près de huit heures avant le décollage de l'avion du ministre espagnol pour « reporter » une visite programmée depuis plusieurs jours. En réalité, il ne s'agit pas d'un report, mais bel et bien d'une annulation. Aucune date de substitution n'a été proposée ou arrêtée pour pouvoir parler d'un report. Les Algériens ont, tout simplement, bafoué les règles diplomatiques. La raison, selon des sources proches du ministère algérien des Affaires étrangères, citées par plusieurs médias, serait liée au communiqué commun que devaient signer les deux parties à l'issue de la rencontre des deux ministres pour sceller la normalisation des relations entre les deux pays. Les échanges entre les collaborateurs des deux ministres, algérien et espagnol, n'ont pas pu aboutir sur une position commune sur la question du Sahara, l'ancienne colonie espagnole. Un dossier qui continue de peser sur les relations de l'Algérie avec l'Espagne et qui est à l'origine de la crise diplomatique entre les deux pays. D'autres sources indiquent qu'à son retour du royaume d'Arabie Saoudite, où il avait assisté au Salon Mondial de la Défense à Riyad, le général Chengriha se serait opposé à la visite du ministre espagnol. Ce dernier serait proche des thèses marocaines sur le Sahara, selon les militaires algériens. Et du coup, la crise entre les deux pays ressurgit. Une crise que l'on croyait terminée, après un froid qui aura duré plus de vingt mois et trois mois après le début de la normalisation entre les deux capitales avec la nomination d'un nouvel ambassadeur algérien en Espagne au mois de novembre dernier. La visite du ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, prévue pour le lundi 12 février à l'invitation de son homologue algérien Ahmed Attaf, devait ouvrir une nouvelle page entre les deux pays.