Le tribunal de commerce de Rabat a rendu lundi un jugement historique dans le secteur des télécommunications au Maroc. Il a ordonné à Maroc Telecom, le leader du marché, de payer 6,3 milliards de dirhams de dommages et intérêts à Wana Corporate, la société qui détient la marque Inwi, troisième opérateur du pays. Aussitôt après cette décision, le cours de l'action Maroc Telecom, deuxième société cotée au Maroc, a chuté lundi de près de 10 pour cent à 94,08 dirhams par action. Le tribunal a estimé que Maroc Telecom avait commis des pratiques anticoncurrentielles en entravant et en retardant l'accès des autres opérateurs aux infrastructures de télécommunications du pays, notamment les réseaux fixes et mobiles. Ces pratiques auraient eu lieu entre 2009 et 2014, alors que le secteur était censé être libéralisé et ouvert à la concurrence. Cette décision judiciaire vient confirmer les sanctions administratives infligées à Maroc Telecom par l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), l'autorité de régulation du secteur. En février 2020, l'ANRT avait prononcé une amende record de 3,6 milliards de dirhams à l'encontre de Maroc Telecom pour abus de position dominante sur le marché fixe. En 2022, l'ANRT avait imposé à Maroc Telecom de payer 2,7 milliards de dirhams d'astreintes pour non-respect de ses obligations de fourniture d'offres de gros aux autres opérateurs. La sanction du tribunal de commerce de Rabat a eu un fort impact sur le cours de l'action Maroc Telecom, qui est la deuxième société cotée à la Bourse de Casablanca, après Attijariwafa Bank. Lundi, le titre a perdu près de 10 % de sa valeur, passant de 104,50 dirhams à 94,08 dirhams. La capitalisation boursière de Maroc Telecom a ainsi fondu en une seule journée. La chute de l'action Maroc Telecom a également entraîné une baisse de l'indice MASI, qui regroupe les principales valeurs de la Bourse de Casablanca. L'indice a reculé de 0,97 %, passant de 12 433,77 points à 12 315,51 points. Ce jugement du tribunal de commerce de Rabat pourrait avoir des conséquences importantes sur le secteur des télécommunications au Maroc, qui représente environ 7 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. Il pourrait inciter les autres opérateurs, notamment Orange Maroc, à réclamer des indemnisations à Maroc Telecom pour les préjudices subis du fait de ses pratiques anticoncurrentielles. Il pourrait aussi favoriser l'émergence d'une concurrence plus équitable et plus dynamique sur le marché, au bénéfice des consommateurs.