Le gouvernement mauritanien a mis en garde les orpailleurs à ne pas s'aventurer dans les zones frontalières, où ils risquent leur vie. Plusieurs incidents mortels ont eu lieu dans la zone tampon, théâtre de violences à cause des provocations du Front Polisario. L'orpaillage est un phénomène social et économique qui concerne plus de 100 000 personnes en Mauritanie. Face à la recrudescence des incidents mortels dans les zones frontalières, le gouvernement mauritanien a exhorté les orpailleurs à respecter les limites territoriales du pays et à ne pas s'exposer aux risques sécuritaires. C'est ce qu'a déclaré le ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation, Mohamed Ahmed Ould Ahmed Lemine, lors d'une conférence de presse tenue mercredi dernier à Nouakchott. « Les orpailleurs qui franchissent les frontières nationales mettent leur vie en danger », a-t-il martelé. Il a notamment évoqué la région du nord, limitrophe du Sahara et de la zone tampon démilitarisée entre la partie contrôlée par le Maroc et la frontière avec l'Algérie. Le ministre Ould Ahmed Lemine a rappelé que la zone tampon était le théâtre de violences depuis la rupture du cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario, en novembre 2020. Il a confirmé que des affrontements et des frappes de drones non reconnus avaient eu lieu contre le Front Polisario ou d'autres personnes pénétrant dans la région revendiquée par le Maroc. Il a souligné que ces incidents avaient causé la mort de plusieurs orpailleurs mauritaniens. Il a également indiqué que les autorités administratives et militaires du nord du pays avaient lancé une « campagne de sensibilisation des populations civiles » spécifique, visant à informer les mineurs sur les limites géographiques de la Mauritanie. « Certains ont réagi à cette campagne, d'autres pas », a-t-il précisé. Ce nouvel avertissement intervient après la confirmation par le ministre mauritanien du Pétrole et des Mines et porte-parole du gouvernement Nani Ould Chrougha, le 3 janvier 2024, de la mort de quatre orpailleurs mauritaniens dans la zone tampon. Ould Chrougha a affirmé que l'Etat mauritanien se concentrait exclusivement sur la « sécurisation du territoire national » et qu'il n'avait pas vocation à intervenir dans le conflit du Sahara. Il a également appelé les orpailleurs à se conformer à la réglementation en vigueur et à éviter les zones dangereuses. Il a enfin annoncé que le gouvernement envisageait de renforcer les mesures de contrôle et de surveillance des activités minières dans le nord du pays. La ruée vers l'or en Mauritanie est un phénomène social et économique qui a pris de l'ampleur ces dernières années, en raison de la découverte de gisements aurifères dans le nord et l'est du pays. Selon les estimations, plus de 100 000 personnes se livrent à l'orpaillage, souvent de manière informelle et sans respecter les normes environnementales et sanitaires. L'orpaillage représente une source de revenus pour de nombreux Mauritaniens, mais aussi pour des ressortissants d'autres pays de la région, tels que le Mali, le Sénégal ou l'Algérie. Toutefois, cette activité comporte des risques importants, non seulement sécuritaires, mais aussi juridiques, fiscaux et sociaux. Le gouvernement mauritanien a adopté en 2012 une loi régissant l'orpaillage, mais son application reste difficile, notamment dans les zones frontalières.