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Mobiliser l'investissement privé en faveur du climat : la recette de la BAD
Publié dans Maroc Diplomatique le 25 - 05 - 2023

Mobiliser l'investissement privé dans l'action climatique et la croissance verte en Afrique est plus que jamais une nécessité urgente pour faire face aux effets du changement climatique.
Pour drainer et stimuler cet investissement privé en Afrique, la Banque africaine de développement (BAD) estime que l'élaboration de réglementations, de normes et de politiques, en étroite collaboration avec les banques multilatérales de développement (BMD) et les institutions de financement du développement (IFD), peut guider les investisseurs potentiels.
L'utilisation accrue d'instruments de financement mixte peut réduire les risques liés aux investissements pour l'action climatique et la croissance verte, relève la BAD dans son rapport sur les perspectives économiques en Afrique 2023, publié en marge des 58è assemblées annuelles de la Banque, organisées à Charm el-Cheikh.
Selon l'institution, le développement de l'utilisation d'instruments de financement durable, comme les obligations et les prêts verts, peut contribuer à attirer les investissements privés.
Le renforcement des institutions financières nationales, l'exploitation de l'intérêt croissant du capital-investissement et du capital-risque à l'échelle mondiale et nationale pour les marchés africains, ainsi qu'un engagement prudent sur les marchés émergents du carbone, les échanges dette-climat et la dette liée au climat, sont autant d'options permettant de mobiliser davantage de fonds privés pour l'action climatique sur le continent.
En effet, la BAD appelle les pays africains à élaborer et chiffrer des stratégies à long terme afin d'envoyer des signaux forts aux parties prenantes nationales et internationales sur leurs priorités en matière de croissance verte et de changement climatique.
Ces stratégies doivent être décomposées en stratégies, plans et règlements aux niveaux sectoriels, précise la Banque, soulignant qu'elles doivent être exhaustives, concerner l'ensemble des secteurs et être pleinement intégrées à l'ensemble de l'économie, plutôt que d'être élaborées et mises en œuvre en vase clos.
Lire aussi : Maroc : la croissance prévue à 3,4% en 2023-2024 (BAD)
Les pays africains doivent également renforcer les systèmes d'appui à la gouvernance et de reddition des comptes afin de s'assurer que les fonds tirés du financement privé génèrent l'impact attendu et maximal pour la croissance verte.
Pour la BAD, les cadres de suivi et d'évaluation de l'impact devraient comporter des paramètres clairs et des systèmes de transparence et de reddition de comptes pour les institutions qui gèrent ce financement, estimant que ces réformes de politiques et réglementaires favorables inciteront le secteur privé à investir dans l'adaptation et l'atténuation.
Ainsi, les pays africains devraient mettre en place des véhicules de financement mixte normalisés à l'échelle nationale qui offrent des rendements attrayants et utiliser ces instruments de manière efficace en veillant à ce que les dotations financières soient additionnelles et proportionnelles.
L'impact potentiel de ces investissements devrait être pris en compte dans l'allocation des fonds en termes de répartition, notamment en assurant un équilibre entre le financement d'infrastructures et les projets de développement social et de gestion de l'environnement.
Ainsi, la Banque estime que les BMD et les IFD doivent être réformées afin de mobiliser davantage de financements privés en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique.
Selon le rapport, seul un tiers environ des financements privés mobilisés par ces institutions ont ciblé l'action climatique sur la période 2018–2020.
En tant qu'acteurs clés du développement et du financement public international, les BMD et les IFD devraient se montrer moins averses au risque en réduisant prudemment leurs ratios d'adéquation du capital, en établissant des mécanismes en matière de capital et de liquidités taillés sur mesure et en réévaluant les normes réglementaires existantes en matière de capitaux et autres normes prudentielles, recommande la BAD.
Ces institutions devraient s'écarter progressivement d'un financement par projet pour passer au financement d'une transition durable à l'échelle du système.
Pour la BAD, elles devraient renforcer leurs capacités internes afin d'intégrer des perspectives à faible émission de carbone et résilientes au changement climatique dans l'élaboration des politiques.
Et de noter que les gouvernements actionnaires de ces institutions devraient leur confier des mandats plus renforcés et plus cohérents afin qu'elles puissent mettre en œuvre des actions transformatrices en matière de climat et de croissance verte.
La BAD recommande également aux agences de notation d'élargir leur cadre de travail afin de mieux refléter le potentiel réel du marché africain.
Cela pourrait impliquer une réforme des procédures de notation pour s'assurer que les notations de risque ou de crédit reflètent le véritable potentiel des marchés africains de la croissance verte.
Aujourd'hui encore, la capacité des pays africains à mobiliser des ressources domestiques est assez limitée, en raison d'économies peu diversifiées, de la persistance des flux financiers illicites, d'un accès plus difficile aux marchés internationaux des capitaux, et surtout d'une concentration des ressources nécessaires au développement.
C'est pour cela que la BAD continue de plaider activement pour une plus grande déconcentration des ressources de l'aide publique au développement et un rôle plus accru des banques multilatérales de développement à caractère régional.
Ainsi, lors de ces assemblées, les participants se sont penchés sur l'examen de la manière d'assurer une croissance nominale plus robuste, de développer un secteur financier au service des entreprises locales, et de définir enfin, une stratégie d'endettement pour les pays africains permettant de mobiliser davantage de ressources.
Les Assemblées annuelles du Groupe de BAD offrent une occasion unique de diffusion des connaissances entre les décideurs de haut niveau en Afrique, les principaux responsables des organismes de développement bilatéraux et multilatéraux, les universitaires de renom et les représentants des organisations non gouvernementales, de la société civile et du secteur privé.


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