Aujourd'hui, à quoi ressemble la politique étrangère française ? À de la schizophrénie pure et dure de son président ! Preuve en est la dernière tournée éclair de ce dernier, dans l'Afrique centrale, avec l'ambition affichée de renforcer les liens et de nouer des partenariats économiques solides et innovants. Or au lieu de redorer l'image ternie de la France sur le continent, Macron en est revenu encore plus controversé pour ne pas dire détesté. D'ailleurs, il n'y a qu'à voir ses conférences de presse avec les différents chefs d'Etat africains qu'il a rencontrés pour se rendre à l'évidence que l'arrogance du président français n'a d'égale que son manque de maturité politique qui emporte tout sur son chemin. Du Burkina Faso à la RDC, du Maroc à l'Algérie en passant par le Mali, le Gabon ou la Centrafrique, Macron fait montre d'un potentiel extraordinaire à aggraver les crises. En prêchant un nouveau chapitre avec l'Afrique, il est vite rattrapé par sa vraie nature et son discours digne d'un administrateur colonial dans les derniers pays visités. En effet, sa visite de quatre jours à Libreville, Kinshasa, Luanda et Brazzaville, du 1er au 4 mars juste deux jours après la présentation, à l'Elysée, de sa nouvelle stratégie africaine, a encore fait des fracas. Mouvementée et rejetée dans plusieurs pays du continent est le moins que l'on puisse dire de cette tournée. C'est à croire que Macron a deux mains gauches et rate souvent des marches à tel point que partout où il passe, il carie les relations diplomatiques, fait naître un sentiment de haine et affaiblit la voix de la République à un moment où l'influence de la France sur le continent se réduit comme une peau de chagrin. En se rendant au Gabon, en Angola, au CongoBrazzaville et en République démocratique du Congo, il croyait user encore de sa manipulation pour embobiner les esprits avec son discours calculé jusqu'au dernier geste. Mais il était à mille lieues d'imaginer que le président congolais, Félix Tshisekedi, allait lui faire passer un mauvais quart d'heure en lui remontant les bretelles. Pour ne pas changer, Emmanuel Macron adopte, comme à son habitude, une posture de donneur de leçons et un ton hautain voire arrogant en lançant à l'égard de son interlocuteur que « Ce n'est pas la faute de la France et pardon de le dire dans des termes aussi crus, mais depuis 1994, vous n'avez pas été capables de restaurer la souveraineté ni militaire, ni sécuritaire ni administrative dans votre pays… » Ironie du sort ou stupidité rare ? Il s'invite sur un sol où il est allé insulter tout de go le Chef et le peuple ensemble et leur demander d'être ses partenaires! Et dire qu'il crie à qui veut l'entendre que la France souhaite développer des relations décomplexées, respectueuses et débarrassées des oripeaux du passif colonial. On allait presque y croire à chaque fois qu'il brandissait en étendard le désir de rompre avec la Françafrique. Sauf qu'entre le double discours et la réalité, Macron se trahit. En affichant son objectif d'un partenariat sain et renouvelé entre la France et le continent africain, basé sur la co-construction et l'humilité, sa nature reprend le dessus en une fraction de seconde et supplante ses propos artificiels et malicieusement recherchés. À travers ce qu'il laisse voir comme un « franc-parler » dont il use comme outil de stratégie et d'intimidation, son arrogance affichée et son paternalisme à rebrousse-poil en filigrane dans tous ses discours à l'égard de l'Afrique ne jouent plus en sa faveur. De toute évidence, lancer des hostilités à l'égard des Africains est devenue la marque de fabrique de Macron. Sauf que ceux-ci ne comptent plus se laisser faire par un président imbu de sa personne qui se nourrit de ses paradoxes pour rabaisser et humilier ses interlocuteurs tout en voulant créer avec eux des partenariats économiques surtout quand cela a l'odeur du pétrole comme en Angola ou encore au Congo connu pour être l'un des pays les plus riches en ressources naturelles minières. En somme, Macron dont le rêve « herculéen » de se targuer de croire qu'il peut changer la relation entre la France et l'Afrique doit se rendre à l'évidence qu'à cause de sa gouvernance totalitaire, la France a vu ses parts de marché réduites à 4 %, sur l'ensemble du continent africain, tandis que la Chine, elle, est à 18 %. La République est en perte de vitesse au profit de puissances comme la Chine, l'Inde, la Turquie et la Russie. Paradoxalement, Macron aura été le chef d'Etat européen à s'être rendu le plus en Afrique. Tout ça pour ça! Bien entendu, en continuant à vouloir donner des leçons paternalistes et à dominer par les bases militaires ou encore le Franc CFA qui reste géré par le trésor français, il est en train de perdre ses alliés essentiels et traditionnels. Et comme pour couronner le tout, le président français incombe la montée du malaise et du sentiment antifrançais dans plusieurs pays africains aux dirigeants locaux « qui sont incapables de relever les défis auxquels leurs pays font face et font porter le chapeau à la France. » Son discours au Gabon en est une illustration : « Notre histoire commune, ici au Gabon, ne nous cachons pas, c'est aussi celle de la Françafrique et cet âge de la Françafrique est bien révolu. Mais j'ai parfois le sentiment que les mentalités n'évoluent pas au même rythme que nous, quand je lis, j'entends, je vois qu'on prête encore à la France des intentions qu'elle n'a pas ou qu'elle n'a plus. On semble encore attendre d'elle des positionnements qu'elle se refuse à prendre. Et je l'assume totalement. » Bref, il serait urgent que Macron se débarrasse de sa « dyspraxie politique » dont les signes d'alerte sont de plus en plus flagrants. Il est clair que sa motricité « diplomatique » s'en ressent, aussi peine-t-il à se repérer dans le temps et dans l'espace et à distinguer sa gauche de sa droite. Ça c'est du Macron ! L'Afrique est désormais debout et exige un traitement d'égal à égal, un partenariat débarrassé de l'ingérence de la Françafrique mais la France, elle, se plaît dans le déni. Les discours vaseux qui durent déjà depuis plusieurs années, du temps de Jacques Chirac, François Hollande ou encore Nicolas Sarkozy, sur la fin de la Françafrique ne suffisent plus au continent africain. Aujourd'hui, l'Afrique s'impose et appelle à une relation gagnant-gagnant qui, durant des décennies, n'a servi que la France et l'Europe au détriment de ses intérêts à elle. Aujourd'hui, Macron gagnerait à revoir son ardoise et à bien essuyer ses lunettes pour voir nettement la nouvelle Afrique, lorgnée par d'autres puissances qui prennent bien soin de leur business, autrement elle serait écrasée par l'ours russe avant d'être dévorée par le dragon chinois dont les assises sont bien implantées.