Quelque 3,5 millions d'opposants à la réforme des retraites ont battu le pavé, mardi partout en France, selon les chiffres de la Confédération Générale du Travail (CGT), contre 1,28 million d'après un comptage du ministère de l'Intérieur. Dans la capitale Paris, la police a recensé 81.000 manifestants, très loin des 700.000 avancés par la centrale syndicale, lors de cette sixième journée de mobilisation contre le projet controversé du gouvernement. L'affluence avait été similaire, légèrement en dessous, la deuxième journée de mobilisation (le 31 janvier), avec 1,27 million de manifestants selon l'intérieur (2,5 millions d'après les syndicats). La première journée de mobilisation, le 19 janvier, avait quant à elle réuni 1,12 million de personnes (plus de 2 millions selon la CGT). Les syndicats, qui avaient annoncé vouloir mettre la France « à l'arrêt », ont salué une « mobilisation historique » contre la réforme controversée lors de cette sixième journée, appelant le gouvernement à ne pas y « rester sourd ». Les taux de grévistes était de 39% chez les cheminots comme chez les enseignants, et à 47,65% chez EDF (électricité de France). Dans la fonction publique d'Etat dans son ensemble, près d'un agent sur quatre était en grève. Lire aussi : France/retraites : Coupures d'électricité dans plusieurs villes de France Les expéditions de carburants étaient bloquées mardi matin à la sortie de « toutes les raffineries » de France, selon le syndicat CGT-Chimie. Et dans le gaz, trois des quatre terminaux méthaniers que compte l'Hexagone ont été mis à l'arrêt pour « sept jours » lundi par les syndicats. Sur les routes, de nombreuses actions de blocages, barrages filtrants et opérations escargot ont débuté tôt mardi matin dans l'Hexagone, notamment autour de Rennes (Ille-et-Vilaine), Perpignan (Pyrénées-Orientales), Miramas (Bouches-du-Rhône), Poitiers (Vienne) et La Rochelle (Charente-Maritime). À la SNCF (chemins de fer), la grève a débuté lundi soir et 80% des TGV Inoui et Ouigo étaient annulés, ainsi que presque tous les Intercités (trains de grandes lignes hors TGV), avec des liaisons internationales dégradées voire interrompues entre la France et l'Espagne et la France et l'Allemagne notamment. En Ile-de-France, les réseaux SNCF et RATP (transports à Paris et région parisienne) ont été également fortement perturbé. Dans le ciel, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de réduire leurs programmes de vols le mardi et le mercredi, de 20 % à Paris-Charles-de-Gaulle et de 30 % à Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse. Des coupures d'électricité ont aussi touché plusieurs villes de France, des grévistes ayant perturbé le réseau électrique en signe de protestation contre le projet controversé. Les huit principaux syndicats français avaient réaffirmé leur volonté de « mettre la France à l'arrêt » dès le 7 mars si le gouvernement ne retire pas son projet de réforme des retraites, qui prévoit de relever l'âge l'égal de départ à la retraite à 64 ans contre 62 ans actuellement. Le texte est examiné en séance publique au Sénat depuis le 2 mars, pour deux semaines de débats. Son passage à l'Assemblée nationale, où l'Exécutif est privé de la majorité absolue, a été marqué par des débats houleux entre la coalition gouvernementale et les oppositions qui ont présenté plus de 20.000 amendements.