Réunis par Reporters sans frontières (RSF), 15 directeurs de médias et responsables de rédactions de 14 pays et le lauréat du prix Nobel de la paix 2021, Dmitri Mouratov, ont appelé, mardi, à la libération du journaliste algérien, Ihsane El Kadi, et à mettre fin aux entraves contre les médias qu'il dirige. « Liberté pour Ihsane El Kadi, liberté pour Radio M et Maghreb Emergent, liberté pour les journalistes algériens. » Tel est le message lancé dans la presse internationale par 16 dirigeants de médias et de rédactions, qui dénoncent une "attaque intolérable contre la liberté de la presse en Algérie". Ils qualifient l'incarcération d'Ihsane El Kadi, directeur de Radio M et de Maghreb Emergent, sur des fondements "manifestement aberrants", d'"attaque intolérable" contre la liberté de la presse en Algérie. L'incarcération du journaliste algérien "porte gravement atteinte au droit à l'information, qui est un droit de tous les citoyens, condition de la liberté d'opinion et d'expression et de la démocratie", soulignent les signataires de l'appel mis en ligne sur le site de RSF. "L'arrestation dans la nuit du 24 décembre d'Ihsane El Kadi, présenté mains menottées – tout un symbole de criminalisation de la presse –, et la mise sous scellés des médias Radio M et Maghreb Emergent par les autorités algériennes sont inadmissibles", soulignent-ils. Lire aussi : RSF saisit l'ONU après une nouvelle incarcération d'un journaliste en Algérie Comment peut-on empêcher des équipes entières d'exercer leur fonction sociale tellement utile aux sociétés ? s'interrogent-ils, rappelant que l'Algérie figurait déjà au 134e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2022 de RSF. Ils appellent l'Algérie à montrer son "attachement au droit et aux valeurs démocratiques et à ne pas basculer vers la répression systématique". "Nous appelons tous les professionnels des médias dans le monde à se joindre à nous pour enrayer et faire reculer cette vague de répression qui s'abat sur la presse en Algérie", lancent les patrons de presse. Aux côtés de Reporters sans frontières (RSF), ils demandent aux autorités algériennes à faire libérer sans attendre Ihsane El Kadi, à abandonner toutes les charges qui pèsent contre lui, ainsi qu'à rendre à Radio M et à Maghreb Emergent leurs outils de travail, afin que les plumes et les voix puissent reprendre leur activité. L'appel, coordonné par RSF, intervient à quelques jours de l'examen du recours intenté contre l'ordonnance de son placement en détention, le 18 janvier. La liste des signataires comprend outre le rédacteur en chef du journal Novaïa Gazeta et lauréat 2021 du prix Nobel de la paix, Dmitri Mouratov (Russie), des dirigeants de médias de Tunisie, de France, Pologne, du Royaume-Uni, de Norvège, d'Ukraine, d'Italie, du Bénin, d'Espagne, de Slovaquie, du Sénégal, de Finlande, et du Gabon, ainsi que d'autres grandes figures de la presse originaires huit autres pays du monde. "L'ampleur de l'indignation internationale est à la hauteur de l'atteinte gravissime à la liberté de la presse que constitue l'incarcération d'Ihsane El Kadi. La vague de répression dont il est la dernière victime en date démontre une volonté des autorités de faire taire les médias indépendants du pays. Les autorités algériennes doivent entendre cet appel lancé par les dirigeants de grands médias du monde, souligne Christophe Deloire, Secrétaire général de RSF. Victime d'un véritable harcèlement judiciaire, Ihsane El Kadi est accusé d'avoir reçu des financements de l'étranger et a été placé en garde à vue le 24 décembre 2022, avant d'être placé en détention provisoire par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'Hamed et incarcéré à la prison d'El Harrach à Alger, le 29 décembre. Le 25 décembre, les médias qu'il dirige, Radio M et Maghreb Emergent, ont été perquisitionnés et mis sous scellés.