En 38 ans de règne (1961-1999), Feu le Roi Hassan II a prononcé quelque 550 discours et près de 800 allocutions. Il s'est prêté 50 fois au jeu des conférences de presse et a accordé plus de 200 interviews, entretiens et déclarations, sans compter des centaines de lettres et de messages. Dans plusieurs de ses messages, la question du Sahara revient plusieurs fois au vue de l'importance du sujet pour le Maroc. Dans son livre intitulé « Hassan II », paru le 2 novembre 2015 – 584 pages, Ali Achour nous replonge dans les grandes périodes du Roi Feu Hassan II avec plusieurs de ses déclarations, notamment sur le Sahara. Ici, nous vous livrons quelques extraits ses citations sur le sujet. Parmi les déclarations de Feu le Roi Hassan II qui sont régulièrement partagées à grande échelle sur les réseaux sociaux, celle-ci retient particulièrement l'attention dans le contexte actuel : « لا ننتظر من العالم أن يعترف بصحرائنا المغربية بل كنا نريد أن يعرف الناس مع من حشرنا الله في الجوار » Traduction personnelle : « Nous n'attendons pas du monde qu'il reconnaisse notre Sahara marocain. Nous voulions plutôt que les gens sachent avec quels voisins Dieu nous a réunis ». Quand et dans quel contexte ces propos ont-ils été prononcés ? Nous sommes en 1976, le dernier soldat espagnol a quitté le Sahara et les relations diplomatiques du Maroc (et de la Mauritanie) avec l'Algérie sont rompues depuis le 7 mars, après la reconnaissance par le gouvernement algérien de la « rasd », qu'il a lui-même fait proclamer en territoire algérien une dizaine de jours auparavant. Les dirigeants algériens, qui sont revenus sur leurs engagements, ne dissimulent plus leur volonté de contrecarrer par tous les moyens la récupération par le Maroc de ses provinces sahariennes. Au sommet de Port-Louis, en juillet 1976, l'Organisation de l'Unité africaine décide de tenir un sommet extraordinaire sur la « question du Sahara occidental ». Un mois plus tard, se tient à Colombo, au Sri Lanka, la 5e conférence des chefs d'Etat ou de gouvernement du Mouvement des non-alignés (16-19 août). Alors que le thème principal de la réunion était la restructuration du système économique mondial, l'Algérie a tout fait pour faire inscrire la « question du Sahara » à l'ordre du jour et s'est démenée pour essayer de faire adopter une résolution contre le Maroc. Une bataille acharnée s'en est ensuivie dans les coulisses entre partisans et adversaires de l'intégrité territoriale du Maroc. La délégation marocaine, présidée par Ahmed Osman, a réussi à neutraliser les tentatives algériennes, si bien que c'est une résolution somme toute soft qui a été finalement adoptée par le « sommet » : La Conférence, prenant note de la décision de l'Organisation de l'Unité Africaine de tenir un sommet extraordinaire sur la question du Sahara occidental et la situation qui a résulté dans la région, a exprimé son espoir que cette réunion aboutisse à une solution juste et durable de cette question. Le lendemain, 20 août, dans le discours à l'occasion de la 23e commémoration de la révolution du roi et du peuple, Feu le roi Hassan II s'est référé aux péripéties de Colombo et aux agissements algériens en ces termes : Traduction officielle : « ... La délégation du Maroc, présidée par Notre Premier ministre est revenue de Colombo sa mission couronnée de succès. Pourquoi évoquons-Nous Colombo et la conférence des non-alignés ? Nous le rappelons pour une simple raison, non parce que Nous attendions de cette conférence l'affirmation ou la négation de la marocanité du Sahara, ce qui est indiscutable, mais parce que Nous attendions de Colombo que l'opinion publique connaisse solennellement ceux avec qui Nous cohabitons et partageons les frontières, et leurs véritables intentions. Nous rendons grâce à Dieu que le voile ait été levé et que chacun soit désormais connu pour sa valeur humaine et politique. C'est le premier gain important que Nous enregistrons de la conférence de Colombo ». La rupture avec le « voisin » a duré jusqu'en 1988. Une nouvelle rupture est intervenue le 24 août 2021, à l'initiative du gouvernement algérien, tandis que la frontière terrestre a été fermée par Alger en 1994. Hassan II évoquera en termes imagés les nuisances du voisinage : Je n'ai donc rien à gagner et tout à perdre à me fâcher avec mon voisin car je ne peux ni changer le Maroc de place, ni changer l'Algérie de place. Nous sommes condamnés à vivre ensemble, donc à négocier constamment. C'est comme lorsqu'on habite dans un immeuble à côté de voisins turbulents et qu'on ne peut pas trouver un autre appartement, eh bien on négocie. RTL, 21 novembre 1976 Voisins pas commodes, les dirigeants algériens ont fait une fixation sur le Maroc et le Sahara marocain. Leur acharnement n'a d'égal que leur aveuglement.