Multiplication des canicules, déficit pluviométrique...les changements climatiques rendent la question de l'eau de plus en plus pressante. Les ressources hydrauliques nationales se raréfient de jour en jour, faisant ainsi planer le spectre de la soif sur plusieurs régions du Maroc. Consciente de la gravité et de l'urgence de la situation hydrique actuelle, l'Association Marocaine de l'Eau Potable et de l'Assainissement (AMEPA) a organisé, ce mercredi 19 octobre 2022 à Salé, un séminaire portant sur la problématique de l'eau au Maroc. L'objectif étant de débattre et d'échanger sur les contraintes et les solutions efficientes mises en œuvre et celles à élaborer afin d'améliorer la sécurité hydrique du royaume. Organisé sous le thème « la gestion des déficits hydriques en relation avec les changements climatiques », à l'initiative de l'AMEPA, le séminaire a été l'occasion d'analyser en profondeur la problématique de gestion des ressources en eau au Maroc. Une problématique qui se pose désormais avec plus d'acuité d'autant plus que le pays est en proie à sa pire sécheresse depuis 30 ans. En effet, la rencontre tenue en présence d'Abderrahim EL HAFIDI, Directeur Général de l'Office National de l'Electricité et de l'Eau Potable (ONEE) et Président de l'AMEPA, a connu la participation d'environ cent acteurs et intervenants dans le secteur de l'Eau qui se sont penchés sur l'évolution de la situation hydrique du royaume. Comme ils ont échangé sur les politiques gouvernementales et les stratégies mises en place dans la gestion de la pénurie d'eau qui ne cesse de s'aggraver sous l'effet conjugué des changements climatiques et de l'accroissement de la demande en eau en raison du développement démographique que connait le royaume. Signalant dans ce sens que le représentant de la Direction Générale de l'Hydraulique a présenté un exposé portant notamment sur les perspectives, les besoins en ressources en eau actuels, les contraintes ainsi que les solutions pour la gestion des bassins hydrauliques déficitaires. Les participants ont, par ailleurs, mis l'accent sur la contribution du secteur privé pour surmonter les contraintes. En outre, ils ont mis en avant les avancées technologiques adoptées pour en atténuer les effets. A cet égard, M. El Hafidi a souligné que la gestion du déficit hydrique passe par une meilleure gestion des ressources en eau souterraines et superficielles ainsi que la promotion des technologies innovantes dans le domaine de l'eau, notamment celui du dessalement d'eau de mer. « Ce séminaire a été l'occasion d'analyser en profondeur les contraintes relevés pour les années à venir « jusqu'à 2035 ». Des défis qui sont liés essentiellement à la problématique de la ressource hydrique intimement liée aux changements climatiques et à la dépendance du modèle hydrique, principalement l'eau potable qui dépend à peu près de 97% des sources superficielles et des sources souterraines.», a-t-il déclaré. Et de poursuivre : « Le Maroc a anticipé dans le cadre du Programme national de l'eau potable et de l'irrigation qui a donné une importance majeure à la composante technologies nouvelles à travers notamment le dessalement de l'eau de mer. » Signalant, à cet égard, que le Maroc a réussi à réduire le coût de la production des m3 dessalés trop élevé à un coût considéré au niveau mondial parmi les plus compétitifs. Et ce, à travers notamment la composante énergétique ayant permis de coupler les centrales de dessalement à des parcs éoliens. Le directeur général de l'ONEE a par ailleurs mis l'accent sur l'importance de la sensibilisation des usagers à la rationalisation de l'utilisation de l'eau, tout en appelant à la rupture avec toutes les formes de gaspillage ou d'exploitation anarchique et irresponsable de cette ressource vitale. Il convient de signaler que ce séminaire a été marqué par la signature de conventions de partenariat entre l'AMEPA et quatre grandes écoles marocaines, pour l'accompagnement et la mise en relation des entreprises membres de l'AMEPA et les étudiants de ces écoles, réaffirmant ainsi le rôle de l'association marocaine de l'eau potable en tant qu'acteur principal dans le secteur de l'eau au Maroc. Rappelons que ce conclave s'inscrit dans le cadre des Hautes Orientations royales visant à sécuriser la situation hydrique au Maroc. En effet, le discours adressé, vendredi dernier, par le roi Mohammed VI aux deux chambres du Parlement, à l'occasion de l'ouverture de la première session de la deuxième année législative, tire le signal d'alarme sur la structuralité du stress hydrique au Maroc. A cet effet, le souverain a appelé à un traitement diligent de cette problématique et à la nécessité de développer des solutions intégrées, durables et innovantes, pour une gestion efficiente des déficits avec une forte mobilisation de tous les acteurs.