Par Hassan Alaoui Lors de sa dernière visite en Algérie qui s'est étalée sur trois jours du 25 au 27 août dernier, le président français Emmanuel Macron et son homologue algérien ont convenu d'un commun accord, d'investir une commission mixte d'historiens algériens et français, de la charge épineuse de solder le passé conflictuel, qui continue, 60 ans ans après la fin de la guerre d'Algérie, d'empoisonner la mémoire des relations entre la France et ce qui fut sa seule colonie en Afrique du Nord, pendant près d'un siècle et demi. Plusieurs observateurs avertis affichent d'ores et déjà leur scepticisme, quant à l'aboutissement de cette mission cathartique, dans la mesure où les deux parties nourrissent, chacune, des objectifs différents. Lorsque Macron évoque une volonté d'établir « la vérité sur les faits », il n'en pense pas moins à exclure de cette démarche, tout acte de repentance de la France à l'égard des algériens et ce, au moment où ces derniers revendiquent une reconnaissance solennelle et des excuses officielles pour les crimes et atrocités, dont ils ont été victimes sous le joug d'une colonisation plus que centenaire. Mais au delà de la finalité politique recherchée, respectivement, tant par Paris qu'Alger, il serait tout aussi pertinent de conférer à ce travail mémoriel, censé se dérouler dans le respect scrupuleux des règles de l'objectivité scientifique, un domaine d'étude plus large et ambitieux, qui se pencherait sur les circonstances réelles, dans lesquelles l'armée coloniale tricolore, soucieuse de pérenniser sa main mise sur les ressources minières abondantes de l'Algérie, s'est permis de dépecer les protectorats voisins du Maroc et de Tunisie, de portions entières de leurs territoires, pour les annexer à sa colonie, devenue après son indépendance, en 1962, le plus vaste espace géographique du continent africain. Pour ce faire, il est nécessaire pour les mémorialistes de l'Hexagone, désignés pour siéger au sein de ladite commission d'étude, qu'ils fassent montre d'une grande honnêteté intellectuelle et d'une totale impartialité, lorsqu'ils auront à revisiter l'histoire du Maghreb au XIX ème et XX ème siècle, à l'image même de l'historien français Léon Plée, qui n'a pas manqué de souligner dans son livre intitulé « Abd-el-kader, nos soldats, nos généraux et la guerre », publié en 1874, qu'au moment de la conquête par la France du territoire algérien, la superficie de ce dernier ne dépassait guère 300 000 km2...pour finalement atteindre, au moment de l'indépendance en 1962, une étendue record, estimée à 2 381 741 km2. Cela montre clairement que s'il y a lieu d'interpeller dans le fond la responsabilité inhérente à la présence française en Afrique du Nord, celle-ci ne concerne pas en premier lieu l'Algérie, dont les frontières actuelles sont un leg de la colonisation, mais elle intéresse plus fondamentalement, son voisin de l'Est et plus spécifiquement celui de l'Ouest, dont la spoliation de ses terres orientales a été maquillée par le principe de droit international, ayant consacré l'intangibilité des frontières, au détriment de la réalité historique. La reconnaissance par la commission Franco-algérienne en question, de ces faits authentiquement établis, devrait alors être le premier critère à retenir, pour pouvoir apprécier l'aspiration de ses membres à s'écarter du déni de vérité.